Shonen Knife : « Uber Eccentric Super Cult Punk Pop Band »!
Le festival Tokyo Crazy Kawaii Paris qui aura lieu au Parc Floral de Paris du 20 au 22 septembre 2013 sera l’occasion de (re)découvrir des artistes pas ou peu vus chez nous ainsi que de jeunes créateurs de mode japonais.
Parmi eux, le trio pop punk féminin Shonen Knife se produira en tête d’affiche sur la scène principale de l’évènement, samedi 21 septembre 2013. Avant ce concert (leur deuxième en France), elles ont accepté de répondre à nos questions.
Journal du Japon : Pour commencer, comment décririez-vous Shonen Knife à une personne qui ne vous connaît absolument pas ?
Naoko (guitare et chant) : C’est un Uber Eccentric Super Cult Punk Pop Band !!!
Ritsuko (basse et chœurs) : On est un groupe de rock joyeux et tranquille.
Emi (batterie et chœurs) : Oui, nous sommes le groupe de filles le plus joyeux du monde.
Le groupe existe maintenant depuis plus de 30 ans. Vous avez su traverser le temps en restant authentiques. Comment expliquez-vous cette longévité ?
Naoko : Je pense que c’est grâce aux fans qui nous écoutent encore et toujours et au soutien des gens qui nous sont proches. Je n’ai pas personnellement l’impression que cela fasse si longtemps, je n’y ai jamais pensé. J’ai toujours envisagé les soucis du quotidien comme une traversée de la jungle, machette à la main, coupant notre chemin au fur et à mesure. Ou si vous voulez, comme un match de tennis, où chaque coup échangé est aussi décisif que le précédent.
Au Japon, les années 1980 ont vu l’éclosion de nombreux groupes post-punk féminins qui, comme vous, perdurent aujourd’hui. En tant qu’actrices de ce mouvement, comment expliqueriez-vous cephénomène ?
Naoko : Humm… Ca date un peu, ma mémoire n’est pas très claire. Mais pour nous il était un peu plus difficile de saisir ce « phénomène » car la scène musicale japonaise était centrée sur Tokyo, et nous qui étions à Osaka n’avions pas les même impressions. Par contre, quelle que soit l’époque, j’aime beaucoup les groupes qui sont composés uniquement de femmes.
De tous les groupes et artistes japonais que je connais, je crois que vous faites partie des rares (avec le Yellow Magic Orchestra peut-être) à avoir eu droit à un tribute album interprété par des musiciens occidentaux. Qu’est-ce que ça fait ?
Naoko : A l’époque où on ne savait même pas encore ce que c’était qu’un tribute album. Voir plus de 30 artistes américains réinterpréter des chansons de Shonen Knife fut à la fois une grande joie et un grand honneur. Et je pense que chaque groupe a su apporter sa touche personnelle aux reprises qu’ils ont enregistrées.
Kurt Cobain a qualifié notre musique de « one and only », et je pense que c’est ce côté unique qui a su traverser les frontières et plaire à un si grand nombre. Et rien que de savoir qu’à l’autre bout du monde, les gens prennent du plaisir à nous écouter c’est déjà un grand honneur.
Justement, parlons de votre musique. Comment composez et écrivez-vous ?
Naoko : Je fabrique mes paroles avec pour motif des choses amusantes de la vie quotidienne, des trucs mignons, ou simplement quelque chose qui me plaît. Je note un mot-clé, et ensuite je mets mon imagination en marche pour construire des paroles autour de ce thème. Ces derniers temps, j’écris beaucoup en anglais. Ensuite j’appose une mélodie qui agrémente ces paroles. Si c’est la mélodie qui me vient en premier, je la note avec une méthode bien à moi, et ensuite je tente d’y ajouter des paroles.
C’est un plaisir de travailler ainsi. Nous faisons ce que nous aimons le plus, donc des difficultés à proprement dit, il n’y en a pas. Si je commençais à me dire qu’une partie de mon métier était difficile ou pénible, j’en arriverais très vite à tout trouver difficile !
Quels artistes peuvent-vous inspirer lors de la composition ?
Naoko : Les Beatles, le hard rock britannique des années 1970, le rock américain de la même époque, et aussi la new wave de la fin des années 1970-début des années 1980. Le rock américain et anglais en général, en fait. C’est aussi pour ça que depuis le début de l’existence du groupe, nos paroles sont en anglais.
En 30 ans de carrière, vous avez toujours su donner une esthétique propre à chaque album. Comment y êtes-vous parvenues ?
Naoko : Cela dépend un peu pour chaque album mais en général, le procédé se passe ainsi : je me charge principalement de l’écriture et de la composition des chansons. J’enregistre chaque partie de façon simple à la maison, et je les maile aux autres membres. Nous nous retrouvons ensuite toutes ensemble dans un studio et nous y faisons les arrangements nécessaires. C’est à ce moment qu’on décide de la forme du morceau et de la tonalité. Dans le studio, on joue d’abord séparément les différentes parties, puis on enregistre la chanson en re-recording, en commençant par la batterie, puis la basse, la guitare et enfin le chant.
En parallèle, pour ce qui est du graphisme et du visuel des pochettes d’album, nous faisons appel à des peintres ou des dessinateurs. Il nous arrive parfois d’avoir une idée précise en tête et de demander sa réalisation à un designer. A nos débuts, nous dessinions nous-même nos couvertures.
Pouvez-vous nous dire ce que chacune d’entre vous apprécie chez les autres membres du groupe ?
Naoko : Sur scène, Ritsuko est une vraie rockeuse. Elle fait danser ses cheveux longs sur un rythme endiablé, et elle a la pêche d’une sportive ! En plus elle est très forte en chant et c’est toujours un plaisir de l’avoir en chœur et de chanter ensemble. C’est une vraie fan de Shonen Knife (elle a rejoint le groupe en 2006) qui peut citer toutes les chansons de tous nos albums. Elle a une meilleure mémoire que moi ! Et c’est quelqu’un de simple et vraiment adorable.
Emi quant à elle a un sens inné du rythme. Pendant les enregistrements, c’est grâce aux excellentes compositions de batterie d’Emi que nos chansons sont pleines de vie. Elle danse très bien et se donne toujours à fond sur scène. J’aime sa voix aussi. Quand nous chantons en harmonie, on est invincible ! Et puis elle est toujours franche et elle est très mignonne.
Ritsuko : J’adore l’attitude « forever young » de Naoko ! On dirait qu’elle n’a pas pris une ride depuis son enfance.
Emi, c’est une batteuse sportive ! Elle joue de façon si passionnée que son énergie se transmet à n’importe quelle personne qui la regarde.
Emi : Naoko est un peu étrange mais unique au monde !
Et quand Ritsuko est sur scène et fait danser ses cheveux, c’est la n°1 du Japon. D’ailleurs, son resto préféré c’est aussi le n°1 du Japon (« n°1 du Japon » est aussi le nom d’une chaîne de restaurant de ramen très connue).
Que pensez-vous du public français ?
Naoko : Nous n’avons joué qu’une seule fois en France, en juin 2009, à Paris. Nous avons fait de nombreuses tournées en Europe, mais mystérieusement, nous ne sommes venues en France qu’une seule fois. L’impression que j’ai eue c’est que le public connaissait bien Shonen Knife, ce qui m’a fait très plaisir. Les gens connaissaient les paroles de beaucoup de chansons et reprenaient même en chœur avec nous.
Parmi les fans français, certains nous envoyaient des lettres dans les années 90, et je demandais à un ami qui comprenait le français de nous aider pour y répondre. Et nous avons échangé plusieurs courriers ainsi. Je me demande ce que sont devenues ces personnes… Ce serait super qu’ils viennent à notre concert !
Ritsuko : Lors de notre dernier concert en France, on nous a beaucoup parlé en japonais. J’étais très contente que les gens soient si passionnés par notre musique et par la culture japonaise.
Emi : Nous n’avons pas fait de concert en France depuis mon arrivée dans le groupe (en 2010), j’attends donc avec impatience de découvrir nos fans français !
Le site officiel du groupe
Sa page Facebook
Le compte Twitter de Naoko, celui de Ritsuko et celui de Emi
Merci à Charlotte Naudin du festival Tokyo Crazy Kawaii Paris sans qui cette interview n’aurait pas été possible.
Visuels ©Wikicommons & ©Festival Tokyo Crazy Kawaii Paris.