The 5.6.7.8’s : 27 ans, toujours pimpantes !
Artistes très attendues de la première édition du Festival West Side, les 5.6.7.8’s nous ont honorés de leur présence lors d’un concert bien énervé le 15 juin. Quelques heures avant de monter sur scène, elles nous accordé une interview. Alors que Zombie Zombie et ses batteries effectuent leurs balances à quelques mètres, nous retrouvons Yoshiko « Ronnie » Fujiyama, guitariste et chanteuse du groupe. Elle a préféré des vêtements paramilitaires et un cuir à sa tenue de scène et s’exprime dans un anglais plutôt maîtrisé, même si elle estime que son niveau est mauvais.
Pour les quelques-uns qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous nous rappeler qui sont les 5.6.7.8’s ?
Yoshiko : Nous sommes un trio féminin qui jouons de la musique inspirée du rock des années 1950 à 1980. Mélangez toutes ces influences avec divers éléments (culture japonaise, pop) et vous aurez une idée de ce que peuvent être les 5.6.7.8’s.
Justement, comment est-ce que vous arrivez à assimiler toutes ces influences ?
Yoshiko : En fait, nous aimons la musique de ces époques. Au début, avant même de former le groupe, nous écoutions beaucoup de musique de notre époque, des années 1980. A force d’en écouter, nous nous sommes donc un peu plus plongées dans cette musique. Nous avons appris à connaître les artistes. Puis nous avons cherché à savoir quels artistes les avaient influencés, eux. De fil en aiguille, du rock new wave nous sommes passées au punk-rock, puis au rock, et enfin au rockabilly. Nous trouvions ça très cool ! C’est pourquoi, bien que nous soyons en 2013, nous continuons à jouer cette musique qui peut sembler désuète mais que nous adorons.
Je pense que nous avons suivi un parcours similaire à celui des groupes qui nous inspirent. Par exemple, au tout début, quand nous avons fondé le groupe en 1986, nous jouions essentiellement du punk-rock. C’est avec ce style musical que nous nous sommes retrouvées : les Sex Pistols, les New York Dolls ou les Ramones sont des groupes dont les morceaux sont faciles à jouer. Avec trois accords de puissance, on pouvait s’en sortir !
Cependant, sous leurs dehors sales et méchants, Sid Vicious des Sex Pistols ou Johnnie Thunders des New York Dolls étaient fans d’artistes comme Eddy Cochran, un des acteurs majeurs du rockabilly. Toutes ces influences nous ont marquées à notre tour.
Par ailleurs, nous avons également été influencées par des groupes pop féminins des années 1960, comme les Ronettes ou les Shangri-Las. C’est de là que vient notre look, nos vêtements et nos coiffures.
L’Occident vous a découvert lors de votre performance à la House of Blue Leaves, dans Kill Bill Vol. 1 de Quentin Tarantino. Comment s’est déroulée cette rencontre ?
Yoshiko : Nous ne nous sommes pas rencontrés directement. Quentin Tarentino était dans une boutique de vêtements tenue par une de mes amies. Elle y passait un de nos disques comme musique d’ambiance. Tarantino va donc voir la vendeuse, mon amie, et lui demande qui joue. Comme elle ne sait pas qui il est à ce moment, elle lui répond simplement qu’il s’agit des 5.6.7.8’s, un groupe constitué d’amies. Le réalisateur lui répond alors : « Je veux ce disque ! Est-ce que je peux l’acheter ? » Mon amie lui rétorque que, non, il n’est pas à vendre, c’est le sien ! Elle lui donne alors l’adresse du disquaire chez qui il peut se procurer nos albums à Tokyo.
Quand nous avons appris qu’un réalisateur aussi connu que Quentin Tarantino voulait passer notre musique dans un de ses films, nous avons eu du mal à y croire. Après cette stupeur, nous nous sommes mises à douter : « Est-ce vraiment Tarantino ? » Nous étions excitées et un peu effrayées à la fois : jusqu’ici, nous n’étions qu’un petit groupe tokyoïte.
Nous nous sommes donc rendues sur le plateau où se tournait la scène de la House of Blue Leaves, à Pékin. Il y avait des stars partout, Hollywood dans toute sa grandeur ! Nous étions très intimidées. Nous nous sommes donc mises à jouer, comme un concert normal.
Avec votre apparition dans le film, votre notoriété a grandi. Comment avez-vous géré ce nouveau statut ?
Yoshiko : Cette nouvelle célébrité nous a apporté pas mal de bonnes choses, tout de même ! S’il n’y avait pas eu Tarantino, nous n’aurions certainement pas pu être programmées à ce festival, par exemple. Avant Kill Bill, nous n’étions venues que deux fois dans de petites salles françaises. Depuis 2003, nous nous sommes rendues cinq fois dans votre pays. Nous avons la possibilité de voyager, de voir le monde. Constater que notre musique enthousiasme autant de gens partout dans le monde, quelle que soit la langue ou la culture, c’est très réjouissant.
Cependant, nous voulons rester un petit groupe de punk-rock. Nous continuons à composer comme avant. Nous ne cherchons pas la célébrité à tout prix. Pouvoir rester proche du public quand nous sommes sur scène est essentiel.
Quels sont vos projets à venir ?
Yoshiko : Nous avons récemment sorti un DVD retraçant nos 25 ans de carrière, Once Upon a Time. Il a été filmé comme un road movie. C’est un de nos amis français qui a fait le montage : il empreinte beaucoup au cinéma français de la Nouvelle Vague. C’est un peu notre hommage à la culture française.
Par ailleurs, nous allons retourner en studio, d’abord à Londres puis à Tokyo. Nous espérons pouvoir sortir notre nouvel album d’ici la fin 2013 ou le début 2014.
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Merci à l’équipe du Festival West Side – en particulier à Elodie et Vivien – qui a rendu ces interviews possible.
Photo Céline Maxant & Thomas Hajdukowiez