[Interview] Spice and Wolf : le mangaka derrière la louve
Au sein de la petite liste d’invités mangaka de cette Japan Expo 2013, l’annonce du dessinateur de Spice and Wolf, Keito Koume, a fait dresser plusieurs oreilles. Découvert en France par l’anime il y a quelques années, c’est désormais le manga de cette série « qui caracole en tête des ventes « :http://www.paoru.fr/2012/11/21/itw-lb-et-yves-huchez-la-nouvelle-aventure-ototo-et-le-marche-du-manga/de l’éditeur Ototo Manga.
Nous avons donc bondi sur l’occasion de le rencontrer pour nous entretenir sur son parcours, ses influences, ses méthodes de travail et bien sur l’aventure Spice and Wolf, en compagnie de son éditeur Kentaro Ogino. Journal du Japon s’est associé à cette occasion à notre ami « Mackie le Newbie »:http://chroniques-d-un-newbie.fr/?author=1, qui est venu poser quelques questions avec nous !
Influences et doujinshi
Bonjour monsieur Koume…
Comment avez-vous commencé à travailler dans le manga, comment cela s’est passé pour vous ?
Mon grand frère était un grand fan de manga donc j’ai commencé à m’y intéresser, mais je ne m’y suis pleinement plongé que plus tard, en rentrant dans un club de manga à l’université. A la fin de mes études j’ai échoué au concours d’agent territorial donc je me suis rabattu sur le travail de mangaka.
Quels sont vos premiers souvenirs de manga ?
Monsieur Koume lance alors un méditatif « Oooooh » qui nous fait tous sourire et qui en dit long sur l’âge du souvenir…
Je pense qu’il s’agit d’un des mangas de mon frère, « Ninja Hattori-kun »:http://en.wikipedia.org/wiki/Ninja_Hattori-kun. Mais c’est quelque chose qui a au moins 30 ans ! (Plus de 40 ans même, puisque le manga s’est achevé en 1971, ndlr)
Plus récemment, en parcourant votre blog, on peut trouver pas mal de personnages d’autres œuvres comme Escaflowne par exemple…
Dans Escaflowne j’ai été très influencé par les personnages de Nobuteri Yuki que j’apprécie énormément…
Vous est-ce un mangaka professionnel mais vous travaillez aussi sur des doujinshi… Pourquoi ?
Nous répond avec un sourire un peu gêné… La principale raison c’est que dans le travail de mangaka il y a certaines choses qu’on ne peut pas faire et qu’on ne peut faire que dans le doujinshi ! (Rires)
Le doujinshi est donc davantage un loisir.
Et un espace de liberté…
Oui voilà.
Il ajoute, dans un rire… Mais attention, il y a mon rédacteur-en-chef juste là !
Spice and Wolf : genèse, sources et inspirations
Parlons de Spice and Wolf maintenant… Comment avez-vous été contacté pour en être le dessinateur ?
Tout cela vient de monsieur Kentaro Ogino qui est avec nous et qui travaille en free-lance, il s’occupe de faire l’interface avec les autres éditeurs. C’est quelqu’un que je connais depuis longtemps et à qui je dois beaucoup. Et c’est lui qui m’a proposé ce travail.
En fait j’avais déjà refusé deux fois ce projet … Mais j’ai fini par reconsidérer la question et je me suis dit que je lui devais pas mal de services, donc j’ai fini par accepter.
On ne va pas s’en plaindre ! (Rires)
Monsieur Ogino : Je n’accepte pas les refus de toute façon ! (Rires)
Et justement monsieur Ogino, pourquoi avoir tant voulu monsieur Koume sur ce projet ?
Comme il l’a dit, nous nous connaissons depuis longtemps et avant Spice and Wolf, l’œuvre que je lui avais proposée s’était mal vendue, même si monsieur Koume avait fait son travail correctement. J’étais convaincu de son potentiel et de son talent de mangaka et quand j’ai appris qu’une adaptation manga de Spice and Wolf était prévue, j’étais persuadé que ce poste était fait pour monsieur Koume. Donc j’ai insisté jusqu’à ce qu’il accepte.
Monsieur Koume vous en êtes donc venu à dessiner Holo, un personnage très populaire. On a pu notamment la découvrir dans quelques pages en couleur très agréables à regarder du tome 1… Est-ce qu’on peut espérer avoir de très jolies images comme celle là prochainement ? (Rires)
Vous avez de la chance car dans quelques temps vous aurez une scène de sources chaudes ! (Rires)
Vous êtes trois à travailler sur Spice and Wolf, comment se déroule la collaboration ? Est-ce que vous communiquez entre vous ?
En fait pas vraiment. Je me base surtout sur les dessins du chara-design original de monsieur Ju Ayakura, que j’ai pu rencontrer quelques heures et dont j’ai vu les croquis, les dessins originaux. J’ai vraiment beaucoup de documents sur Spice and Wolf. Si jamais j’ai besoin je peux contacter les autres auteurs mais globalement ce que j’ai me suffit.
Est-ce que vous avez eu besoin de documentation sur l’époque, puisque nous sommes dans le Moyen-âge européen 14e-15e, sur les décors, les costumes ?
J’ai quelques ouvrages de référence sur le Moyen-âge, qui sont des recueils d’illustrations et de photos de l’époque, mais je me base beaucoup sur les recueils de l’anime faits par les animateurs (des documents internes de la production nous suggère l’interprète, ndlr). Donc je m’inspire plutôt de ça que de recherches personnelles.
En plus de suivre l’histoire originale vous ajoutez, à la fin de certains tomes, quelques petites histoires à caractère souvent humoristique. Vous y mettez par exemple Holo en rockstar dans un volume… Est-ce que c’est le coté doujin qui ressort ?
Totalement ! (Rires)
Le temps d’une dédicace, pour finir…
Vous avez fait beaucoup d’adaptation… Est-ce que vous avez le projet d’une œuvre originale ?
Oui…
C’est-à-dire ?
J’ai le projet…
Devant son mutisme gêné nous comprenons, dans un rire général, qu’il ne peut nous en dire plus pour le moment ! Keito Koume réalise alors une dédicace et se met à dessiner une belle Holo…
On doit souvent vous demander cette dédicace…Ne vous lassez-vous pas de la représenter ?
Non je m’en amuse même parce que je mets des petites différences à chaque fois. En plus je la dessine très simplement à coté de ma signature donc ce n’est pas très compliqué.
Vous avez déjà réalisé quelques dédicaces… Que pensez-vous du public français, est-ce qu’il ressemble au public japonais ?
Leur engouement pour la série m’a vraiment beaucoup surpris. Après le public français est assez proche du public japonais… Le public taiwanais est très différent lui par contre, il est hyper passionné, on sent beaucoup de tension quand on les rencontre !
La dédicace se termine, nous remercions alors messieurs Koume et Ogino pour leur réponses et leur bonne humeur ainsi que notre interprète du jour. Merci également à Guillaume des éditions Ototo pour la mise en place de l’interview !
Pour plus d’informations sur Spice and Wolf vous pouvez jeter un œil à « la critique de la série »:http://www.paoru.fr/2012/10/06/spice-wolf-la-louve-et-le-ble/ chez notre partenaire Paoru ou lire la « preview du tome 1 »:http://www.ototo.fr/index.php/mangaenligne/9 sur le site de l’éditeur. Vous pouvez enfin lire l’auteur sur son « compte Twitter »:https://twitter.com/koumekeito.
Visuels OOKAMI TO KOUSHINRYOU © ISUNA HASEKURA / KEITO KOUME / ASCII MEDIA WORKS Inc.