Le Mons’trouille, la peur au ventre
Avec le succès de « Tamago »:http://www.nobi-nobi.fr/catalogue/175_bonjour-tamago, la bibliothèque « 1, 2, 3, Soleil » de chez nobi nobi ! a su se faire une place de choix dans le catalogue sans fin des albums jeunesse. « Le Mons’trouille »:http://www.nobi-nobi.fr/catalogue/2011_le-monstrouille, deuxième opus de Miho Takeda à sortir chez l’éditeur, prouve une fois de plus que l’originalité reste le maître mot de cette collection.
Je n’en suis pas fier … mais je suis très, très peureux
Avouons-le, le vide intersidéral que représente le dessous du lit, le couloir abominablement sombre qui mène jusqu’à la porte des toilettes, ou encore ces bruits non identifiés qui emplissent la maison ont tous été un jour ou l’autre une source de hantise pour les petits enfants que nous étions. Et à l’époque, évidemment, personne ne nous croyait, mais nous n’allions pas pousser le vice jusqu’à en parler à nos camarades de classe. C’est cela, le thème du Mons’trouille : la solitude de l’enfant face à l’angoisse que représentent les sons du quotidien.
Notre héros, haut comme trois pommes, nous narre sous forme de confession son désarroi journalier. Une forme de récit particulièrement intéressante si l’on adopte le point de vue d’un enfant : le lecteur devient le dépositaire du secret du petit garçon, qui sait qu’on va le comprendre.
Mais moi, je sais que c’est vrai !
Peu à peu, le récit évolue en scène d’épouvante digne d’un The Grudge pour culottes courtes. En effet, lorsque vient le moment tant redouté du coucher, l’inquiétude de l’enfant laisse place à une vraie psychose, qui atteint son paroxysme avec l’apparition du Mons’trouille, association de tous ces êtres malfaisants qui peuplent la maison du petit garçon. On a alors la parfaite illustration de la détresse qui peut habiter certains enfants particulièrement sensibles.
Dès lors, le livre développe un aspect plus cathartique. Le jeune lecteur n’aura aucun mal à s’identifier à notre petit héros et trouvera un certain réconfort dans le récit, notamment grâce à un dénouement aussi stupéfiant qu’héroïque.
Du côté des adultes, on s’étonne de ressentir une certaine culpabilité. Notre vision plus terre-à-terre de la vie nous fait souvent oublier à quel point l’imagination de nos têtes blondes peut être débordante. Le Mons’trouille est donc l’occasion de nous rappeler que les enfants sont souvent impressionnés par des faits nous paraissant anodins, et qu’il est de bon ton de ne pas dénigrer leurs peurs et inquiétudes, qu’importe leur âge.
Le livre devient alors une sorte de médiateur entre parents/adultes et enfants de par son histoire, mais également son graphisme.
Que d’émotions !
Dans ce deuxième opus, Miho Takeda reste fidèle à sa marque de fabrique, à savoir un gros travail sur les couleurs et un trait de dessin épais, plutôt simple, mais efficace. Le personnage principal ne présente aucun signe particulier pour que l’attention du lecteur soit portée sur le cauchemar de notre héros : le Mons’trouille. Son apparition dans l’histoire s’accompagne d’un feu d’artifice de couleurs et d’onomatopées qui emplissent littéralement les doubles-pages du livre ; une exploitation pertinente qui permet d’avoir un impact visuel plus important, et donc de mettre en évidence le malaise du petit garçon.
Enfin, l’humour reste le trait majeur de cette histoire, et le lecteur ne pourra s’empêcher de sourire face aux expressions des personnages, toutes plus désopilantes les unes que les autres.
Ainsi, avec ce deuxième album, Miho Tajeda illustre à nouveau avec brio les peurs des enfants en les tournants en dérision. Le Mons’trouille, de par son petit format, pourrait rapidement devenir un petit guide anti-frousse qui accompagnerait avec humour nos jeunes enfants (à partir de 4ans).
Visuels © Miho Takeda 2003 • Rironsha Co., Ltd