[Interview] City Hall : Le manga français n’a pas dit son dernier mot
C’est lors du Salon Européen de la BD de Nîmes que Journal du Japon a pu rencontrer les auteurs de City Hall, un manga à la française qui fait parler de lui depuis plus d’un an. Voici donc une longue entrevue sous les arcades des arènes, qui s’attardera sur leur dernier bébé, sur leur parcours et enfin sur le marché du manga… Le tout avec beaucoup de bonne humeur !
Deux auteurs, deux talents, une passion.
Au cas où des gens ne vous connaitraient pas encore, malgré le matraquage médiatique, pourriez-vous vous présenter ?
Guillaume Lapeyre : Bonjour, je suis Guillaume Lapeyre, dessinateur de bande dessinée depuis 10 ans. J’ai commencé avec de la BD franco-belge chez Delcourt pour Les Chroniques de Magon, couleur Elsa Brants et scénario de Nicolas Jarry.
J’ai enchainé avec lui sur une petite série de science fantasy qui n’a pas beaucoup marché. Ensuite, j’ai rencontré Rémi dans un festival à Palavas il y a 4-5 ans, et ensemble nous avons fait Explorers chez Soleil en 3 volumes, qui était un peu City Hall à l’envers : des jeunes qui vont dans des romans chasser les fantômes façon Scoubidou. Et puis on a embrayé sur City Hall.
Rémi Guérin : Je suis Rémi Guérin, scénariste depuis 8 ans et j’ai touché un petit peu à tous les genres : du thriller avec Les véritables légendes urbaines, de la SF, du western chez Glénat avec Pinkerton, de l’aventure fantastique avec Guillaume et puis City Hall qui est notre premier manga et avec lequel on s’éclate, tout simplement.
Toujours pour mieux vous connaître : vos dernières lectures ?
G : Bakuman, One piece, Naruto, Fairy Tail et ma foi c’est tout. Ah si, récemment j’ai lu Prophecy qui était bien.
R : Et tu peux nous parler de tes dernières lectures en roman pour voir ?
G : Alors en roman ça date de la 1ère L, c’était Candide et j’en garde un souvenir ému (Rires).
J’écoute énormément de livres audio aussi : du Maxime Chattam, du Conan Doyle, un peu de tout, parce que comme je suis très occupé avec l’aventure CityHall, ça me permet de pouvoir continuer à « lire » tout en faisant mon boulot. J’ai lu L’ultime voyage en alchimie il y a pas longtemps de Nicolas Mitric chez Glénat, et c’est vachement bien, je vous le conseille.
La reconnaissance du public se fait de plus en plus grande. Au Salon du livre, vous avez reçu le prix de la meilleure BD non japonaise, le succès est public et critique. Comment expliquez-vous cela, quels ont été selon vous les éléments déclencheurs ?
G : Déjà pour tous les gens qui pensent que c’est ultra calculé : ce n’est pas le cas. On a mis tout ce qu’on aimait dedans, après je pense que le bouquin est bon, l’histoire fonctionne, le dessin est plutôt pas mal même si l’histoire est mieux (clin d’œil vers Rémi).
R : Ouais, c’est vrai ça.
G : Après, il y a le gros facteur chance. Ankama nous a beaucoup poussé, nous a fait un lancement du feu de dieu pour le premier tome, il y a eu beaucoup de communication de faite, beaucoup de marketing, ce qui a porté ses fruits. Après, je pense que c’est peut-être ce qu’avaient envie de lire les gens à un moment X. On a rencontré le public, le public a suivi, on l’en remercie tous les jours.
R : Je pense qu’il y a 50% de chance évidemment, parce qu’on tombe au bon moment, mais qu’il y a aussi 50% de travail. Et je le dis sans fausse modestie, parce qu’on a fait un gros travail, sincèrement, sur l’histoire et surtout sur les personnages.
Je suis convaincu que l’histoire aurait pu être nulle, si les personnages sont bons on peut accrocher les lecteurs, parce qu’on s’y attache. On a beaucoup parlé avec Guillaume, et je pense que ça va bien plus loin que nous, ce n’est pas notre boulot, c’est presque les personnages qui ont prit vie tout seul et qui maintenant fonctionnent bien. C’est eux qui plaisent aux gens.
G : Des personnages écrits qui prennent vie ? C’est bon ça, faut exploiter (Rires).
Nous souhaitons bien sûr tout le bonheur du monde à City Hall, mais lorsque vous serez amenés à travailler sur une autre œuvre, est-ce que vous penserez d’abord « format manga » ?
G : Moi si on me donne le choix, ça va être dur de revenir à la BD franco-belge. Si je peux, je continue en manga. C’est ce que je voulais faire depuis le début, et c’est là que je m’éclate le plus.
R : Dans le cas où j’aurais à nouveau la chance de créer un univers complet comme dans City Hall, oui je penserai d’abord au manga, parce que j’ai enfin la place d’écrire ce que je veux, ce qui n’est pas le cas en BD. Sur quelque chose de plus traditionnel, comme par exemple le western, qui est de l’authentique et qui est basé sur des faits historique réels, ce n’est pas possible. Guillaume m’a fait découvrir ça, je ne connaissais pas du tout et il a eu raison d’insister parce que je ne voulais pas au départ.
Guillaume, est-ce que durant la création du premier cycle tu as eu des assistants, comme les mangakas ?
On a conclu avec Ankama qu’elle serait mon assistante officielle sur le quatrième tome. Après à savoir si elle va continuer à m’aider sur le 5 et le 6… comme elle a son manga qui va sortir l’année prochaine, ce n’est pas sûr.
Ça s’appellera comment ?
G : Ça s’appellera Save Me Pythie, ça sera chez Kana et, en gros, pour tous les gens qui sont en manque de ce qu’a pu faire Rumiko Takahashi comme Ranma 1/2 ou Inuyasha, ce genre d’aventure avec un grand A qui peut avoir un humour absurde, c’est le même genre. Et ça se passe dans une Grèce antique uchronique.
Dans les mois à venir, est-ce que vous avez plusieurs projets, ou est-ce que ce sera uniquement City Hall ?
R : En tant que scénariste, j’ai beaucoup plus de possibilité que Guillaume parce que ça ne me prend pas tout mon temps. Donc oui, je continue mon western chez Glénat, j’ai un projet sur l’histoire de France chez Casterman, évidemment la suite de City Hall parce c’est ce qui prend le plus de temps et puis un autre projet mais dont je ne peux pas encore parler.
Plein de projets en commun avec Guillaume dans les cartons en fonction de comment évolue City Hall. On se réserve aussi la possibilité de continuer à développer notre univers, mais d’une autre manière, si jamais pour X raison il faut arrêter la série après le 6. Enfin on espère continuer quand-même.
Innovation et influence : entre miroirs et vapeur.
Lors de la première apparition de Grü (un papercut, NDLR) nous avons une double page « miroir » qui reprend les cases d’en face, pour montrer une scène sous 2 points de vue. On retrouve cette envie dans le tome 3. D’où vient ce découpage et était-ce expérimental sur City Hall ?
R : C’était une envie inspirée du cinéma et des séries télé parce que c’est ce que l’on consomme. Moi j’ai fait des études de cinéma, j’ai appris à faire du scénario de cinéma, et du coup ce genre de mise en scène. C’est pas très courant en BD alors on ne savait pas si ça marcherait mais ça a l’air de fonctionner, tu me rassures.
G : On avait déjà fait des expériences dans notre précédente série Explorers, c’est une histoire de fantôme et dans le troisième tome lorsqu’il y a des flash-back, tu retournes l’album pour le lire à l’italienne (en paysage).
Dans le tome 1, il faut lire une page à la lumière pour voir des fantômes en transparence. On s’est demandés ce qu’on pouvait faire avec City Hall, mais ce genre de choses n’était pas possible à cause de format manga, alors on s’est amusés avec ces champ / contre-champ, c’est très cinématographique.
Le Steampunk est très présent dans City Hall, était-ce un univers qui vous était proche ?
G : On a traité de Jules Verne dans Explorers puisque nos héros sont allés dans 20 000 lieux sous les mers. Rémi a une passion pour Jules Verne assez fantastique. Après, nous c’est un Steampunk alternatif, parce qu’il y a des machines à vapeur mais comme il n’y a pas de papier et que l’Homme a quand-même besoin de communiquer, il a internet en 1900.
R : C’est plus du Steam-Net que du Steampunk, un genre un peu hybride. Niveau littérature, c’est un genre que j’affectionne à travers Jules Verne et beaucoup au cinéma aussi.
Quelle est l’origine du design osseux des papercuts de Lord Black Fowl ? Une référence à Kimimaro de Naruto ?
G : Plutôt Evangelion. Ça a fait parti d’une de mes innombrables claques avec Fullmetal Alchemist. Dans les 5 premiers épisodes, tu te dis « encore un truc de robot, encore un shônen de base » et puis il y a quelque chose qui se passe. Ça a été la scène où l’Eva 01 déchiquette l’ange dans la forêt où je me suis dis « wahou, je vais continuer ». Et Fullmetal ce fût dès le premier épisode, la transmutation de la mère…
Pas trop dur les demandes de Yaoï, entre Jules et Arthur, de la part des fans pour les dédicaces ?
G : En farfouillant sur le net je suis tombé sur un blog avec une BD City Hall, où d’abord ils se disputent Amélia, et comme elle ne se laisse pas faire ils finissent ensemble. Mais c’est ça qui est bien avec le public manga par rapport à la BD.
R : Ils s’approprient les personnages. Ça veut aussi dire qu’ils les trouvent attachants et ça veut dire qu’on a réussi quelque part.
G : Ceci dit c’est ta faute Rémi, Arthur Conan Doyle on le sait qu’il préfère les filles, mais Jules Verne on n’en parle pas, c’est ça qui fait fantasmer.
R : Il n’a pas le temps Jules Verne, il est trop occupé ! (Rires)
City Hall et Ankama, toute une histoire.
Est-ce que vous avez déjà prévu les 3 prochains tomes pour le troisième cycle ?
R : Le synopsis des trois prochains, qui est effectivement un cycle de 3, est déjà écrit et sera aussi une enquête courte. Donc là c’est en cours de rédaction, on sait exactement où on va, on a les deux fins possibles (ndlr : en fonction de si la série repart pour un cycle ou non), ce qu’on va révéler, quand et comment.
G : C’est génial parce qu’on a beaucoup de retour où les gens nous jettent des pierres, du fait de ce système d’écriture avec un twist à la fin, comme dans les séries américaines. On serait bien bêtes de proposer quelque chose de neuf au niveau du second cycle, donc attendez-vous à nous balancer des rochers cette fois-ci.
R : Sur le fond, ça sera autre chose dans ce second cycle, il ne faudra pas nous attendre là où vous nous avez attendus sur le premier.
Comptez-vous raconter la guerre « d’il y a 200 ans » ?
G : Ça serait génial d’avoir un formateur qui s’appelle William Shakespeare et qui, 200 ans avant, formerait les écrivains de demain en tant que sergent recruteur.
R : Dans la série principale : non. Mais on en a déjà parlé comme tu peux te rendre compte, Guillaume a quelques idées.
Mais si demain on peut faire un spin-off, oui. Parmi les sujets à aborder, il y a les personnages, pour comprendre d’où ils viennent, et évidemment cette guerre et l’origine du papier.
G : Mais il n’est pas impossible qui SI on fait un troisième cycle, la guerre revienne 😉 .
Pourquoi avoir proposé un sens de lecture français ? Une envie d’Ankama pour faire la part entre leur collection « manga » et « global manga » ?
G : J’ai demandé dès le début à avoir un sens de lecture japonais, et puis après moult discussions, Ankama m’a dit : « Vous êtes en France, c’est une bande dessinée au format manga français, et de toute façon vos lecteurs savent lire dans les 2 sens »
R : Ça c’est quand-même un argument qui tue, moi je suis fan de cet argument.
Ankama toujours : il y a eu récemment la fermeture de la branche manga. C’est quelque chose qu’on sentait assez imminent, est-ce que les auteurs chez Ankaman s’en doutaient ?
R : Je voudrais d’abord préciser que c’est faux : vous avez « appris » récemment que la branche manga s’arrêtait, mais il faut quand-même savoir que ça fait plus d’un an que rien n’est sorti. Donc le manga est fini depuis longtemps chez Ankama, ce n’est pas récent. Je pense qu’il y a eu une mauvaise communication à ce moment là, mais en réalité, ça fait un bail que c’est fini. Ils ont juste gardé quelques titres, surtout de la création comme c’est le cas de Dofus, de Wakfu ou de City Hall et quelques belles choses qui arrivent. Donc non, ce n’est pas spécialement inquiétant.
G : Mais ils ont quand-même fini Soil qui était très bien, et ils sont allés au bout.
Qu’est-ce qui fait selon vous que City Hall soit un rescapé d’Ankama, et comment se comportent les ventes ? Je sais qu’il s’est vendu plus de 10 000 exemplaires du tome 1 dans les 4 premiers mois, mais avez-vous des chiffres récents ?
La raison pour laquelle City Hall continue je pense qu’elle est simple : en dehors de l’affection que les gens d’Ankama peuvent avoir pour la série, c’est juste qu’elle est rentable. Le tome 1 a été réimprimé au bout de 4 mois, l’éditeur s’est remboursé sur le prix de vente du bouquin, donc pourquoi arrêter une série qui rapporte. C’est bête mais l’éditeur, au bout d’un moment, il réagit de manière purement économique.
Ensuite je pense qu’il y a effectivement une sincère affection pour la série, et aussi pour nous. Je pense qu’on s’entend vraiment très bien et qu’on a envie de continuer à travailler ensemble, mais si demain on vendait 2 000 exemplaires l’envie ne serait pas suffisamment forte et on arrêterait de travailler ensemble, c’est évident.
G : J’espère juste qu’on a réussi à dépasser la barre des 10 000 avec le troisième tome. C’est un réflexe de lecteur et je l’ai aussi, c’est d’attendre la fin pour acheter. Là ça voudrait dire que les gens nous on fait confiance et ont suivi la série. Donc j’espère qu’on va dépasser ces 10 000, dont on est très satisfait. Pour un manga français c’est un démarrage excellent, mais j’espère passer au palier supérieur avec les 3 tomes du second cycle.
R : Et pour le tome 2 on est sur la fin du stock et on risque d’avoir une réimpression d’ici la fin de l’année.
Analyses et propositions autour d’un marché mouvementé.
Comment pensez-vous que le Global Manga puisse évoluer ? Peut-être avez-vous lancé une nouvelle vocation chez des jeunes qui voient que ça marche…
G : Moi, la possibilité de pouvoir faire du manga en France, c’est Reno Lemaire qui me l’a montré avec Dream Land. C’était le premier à se prendre tous les obstacles, il a été vraiment courageux pour ça car il était en première ligne, ça a été la chair à canon.
Il est resté debout, il est resté fier et ça marche bien. Nous on arrive derrière, on n’est pas au même niveau mais ça commence à monter et là, il y a ma femme qui va tenter l’aventure. Au niveau des contrats et des engagements chez Kana, elle a exactement ce qu’on a eu au lancement de City Hall : le stand, les plaquettes pub, tout ce qui marche. Donc je pense que les éditeurs ne sont pas bêtes, ils regardent ce qu’il se passe. Il paraît qu’on discute beaucoup de City Hall dans d’autres maisons d’édition.
La réussite de City Hall aurait ouvert les possibilités chez d’autres éditeurs ?
G : J’espère que ce sera possible pour un tas de dessinateurs talentueux, qui ont un style hybride comme le mien, mais qui ne se retrouvent pas dans la BD franco-belge parce que c’est trop court. Je pense par exemple à Tony Valente qui a fait Hana Attori chez Soleil et qui va sortir un shonen : Radiant. Il a le même parcours que moi : fana de manga mais qui va dans le franco-belge parce qu’il n’y a que du travail là-dedans. Je n’espère pas non plus que l’on soit le phare qui va guider le navire dans la nuit, mais que les éditeurs vont s’y mettre et qu’on aura une richesse en France.
R : J’ai envie d’inviter tous les scénaristes, jeunes ou vieux, à tenter l’expérience. Parce qu’avoir 3 fois 160 pages pour écrire un scénar’, c’est juste un vrai bonheur. Après, la difficulté, et c’est pour ça que j’ai de la chance avec Guillaume, c’est qu’il est rare de trouver un auteur qui pond 2 pages par jour. Alors vous pouvez écrire des scénarios les gars, mais je vous le prête pas (Rires).
Une question pour Guillaume qui connaît mieux le secteur manga : est-ce que selon toi, le marché va encore évoluer ?
G : Je vais parler avec mes 34 ans : quand j’ai commencé les mangas, c’était avec Akira et Dragon Ball, j’avais 15 ans et ça m’allait tout à fait. Maintenant du haut de mes 34 ans donc, quand je lis Fairy Tail ou Naruto ça me convient moins. J’ai besoin d’histoire avec un peu plus de consistance, même si Naruto c’est vachement bien, c’est fouillé, mais ça reste du shônen. Mais ce qui est beau, c’est que dans le monde entier il y a des jeunes chaque année et il faut leur plaire.
Actuellement, ces jeunes achètent du manga en masse, la BD franco-belge s’effrite un peu parce que le public prend de l’âge mais ne s’intéresse pas à la BD et parce que ça ne leur correspond pas.
Quand j’ai commencé à découvrir le manga, la France était comme un tamis : les éditeurs proposaient de la qualité car ils filtraient beaucoup. Maintenant j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de produits qui sont de base, que peu de séries sortent du lot ou qui ne me correspondent pas en tout cas. Est-ce que c’est un phénomène de surproduction mondiale ? Je ne sais pas. Il paraît qu’au Japon, le golden age du manga des années 80 s’est terminé.
Il y a à cela plusieurs analyses : les téléphones portables car les jeunes préfèrent surfer plutôt que de lire les Jump, le manga qui est très formaté avec des éditeurs qui disent aux auteurs « Tu vas écrire une histoire pour le magazine, pas personnelle, ou alors tu peux partir ». On se retrouve donc avec des produits formatés, intéressants, mais trop semblables.
Et enfin, je pose la question car je ne suis pas analyste, mais est-ce que Naruto, One Piece ne sont-ils pas tellement énormes qu’ils étouffent la création des petits qui arrivent ?
Marché toujours, parlons du format numérique. A-t-il sa place ? Cela fait longtemps que l’on nous en parle mais ce n’est toujours pas concret.
G : Le format numérique ne remplacera jamais le format papier, il doit l’accompagner dans la demande des gens. Si c’est pour lire un PDF sur une tablette et que ça coute 7€ c’est un peu abusé, mais si il y a un contenu additionnel c’est déjà mieux, si il y a de l’interactivité c’est encore mieux.
Ça ne peut pas marcher pour toutes les séries, mais nous par exemple on rêve de vous proposer un City Hall en tablette où, quand Arthur Conan Doyle résout une énigme, vous participez en cherchant avec lui. Lorsque l’on a un gros plan sur le carnet de Jules Vernes pour qu’il fasse un papercut, que ce soit vous avec votre doigt qui fassiez la description, ça serait super.
R : Guillaume a raison, l’avenir du livre numérique c’est l’interactivité. Pour moi, c’est le seul intérêt au livre numérique. Pouvoir influer sur les personnages, rajouter de la musique, des ambiances, imposer un rythme aussi. Parce qu’il n’y a pas de rythme dans les BD, si tu fais un truc hyper suspense et que le lecteur a envie de le lire en 3 secondes, ça passe pas. Tu ne peux pas faire 3 pages sans bulles en pensant que les gens vont mettre les 10 minutes qui seraient nécessaires à installer l’ambiance, il faut de la musique pour ça.
Mais dans le monde de City Hall, le livre numérique a beaucoup de lecteurs (Rires).
Le problème c’est qu’aujourd’hui pour un éditeur, le livre numérique c’est : « je prends ton bouquin, je le scanne, je les mets à la chaîne, un peu de pub et c’est parti ». Ça n’a pas d’intérêt, ou alors tu le vends 2€ et à ce moment, tu rends la BD accessible aux petits budgets, et là oui ça a de l’intérêt.
Ce sera le mot de la fin, merci !
Remerciements à Guillaume Lapeyre et Remi Guérin pour leur disponibilité et leur bonne humeur. Merci également aux éditions Ankama.