Woodstock : Le manga 100% punk-rock, ça vous choque?
C’est justement sur ce créneau que Woodstock, tout nouveau seinen de Yukai Asada, vient se positionner. Le tome 1 est « paru chez Glénat le 22 mai »:http://www.glenatmanga.com/woodstock-tome-1-9782723494021.htm, le tome 2 prévu le 3 juillet prochain. En effet, Woodstock ne laisse planer aucun doute sur la volonté de son auteur : un titre qui fait directement référence à une date mythique de l’histoire du rock, de nombreuses citations d’artistes et de disques marquants, et une intrigue centrée sur la formation d’un groupe de jeunes virtuoses du rock pur et dur.
L’histoire ? Elle est assez simple : Gaku, le héros, a appris la guitare en solitaire, en fan absolu de ses idoles du punk : les Sex Pistols, Iggy Pop, les Clash… Il enregistre ses morceaux tout seul dans sa chambre, bricole des arrangements et les publie anonymement sur le net. En quelques jours, les fans de rock indé ne parlent plus que de « Charlie », le groupe fictif que Gaku a créé…
Rattrapé par le buzz qu’il a lancé sans le vouloir, Gaku se voit obligé de mettre un vrai groupe sur pieds. Il commence à recruter des membres. D’abord Shiina, une batteuse hors pair au physique très avenant, qui ne joue dans aucun groupe ; il y a aussi Machida, au caractère de cochon, qui a déjà joué de la basse dans un groupe hardcore qui a récemment splitté… Gaku réussira-t-il à vaincre sa timidité et à fonder le power-group de ses rêves ? Et comment résoudre l’épineuse question du choix du chanteur ?
On le voit, toute l’intrigue repose sur les débuts d’un groupe dont les membres possèdent dès le départ talent, envie et surtout vocation. Pas d’ambiguïté. D’ailleurs, c’est là le reproche tout relatif que l’on peut faire à Woodstock : linéaire, le début laisse peu de place au doute, et encore moins aux intrigues annexes. D’un autre côté, Woodstock a le mérite d’aller droit au but, sans tergiverser.
Et côté rock ? Là est probablement le gros point fort de la série, qui marche plutôt bien au Japon, avec 15 tomes déjà parus. Quand d’autres mangas se contentent de citer une ou deux références centrales, généralement connues du grand public (Sex Pistols pour Nana, Red Hot Chili Peppers pour Beck, par exemple), Woodstock va bien au-delà, et propose de nombreuses pistes d’explorations au lecteur, à travers les goûts de nos héros, et surtout ceux de Gaku.
Les modèles de notre apprenti guitar-hero sont tous issus du punk-rock au sens large, certains célèbres, comme Iggy Pop, les Pistols ou les Clash cités plus haut, d’autres beaucoup moins, comme Johnny Thunders, Richard Hell, Stiff Little Fingers, The Damned… Pour peu qu’on s’intéresse au genre, niveau crédibilité, on trouvera guère mieux. Pour l’anecdote, tout ces punks no future nous amènent assez loin de… Woodstock et ses hippies peace and love, mais passons.
Yukai Asada a un goût très sûr, des connaissances évidentes et l’envie de les partager avec le lecteur. On peut trouver ça un peu lourd – vous savez, comme le copain sympa et passionné qui vous passe des CD en boucle avec des « ah oui et écoute celui-là il est génial ! Et attends, celui-là aussi… » Mais c’est fait avec suffisamment de sincérité pour que ça passe, et puis, après tout, n’est-ce pas cela qu’on est venus chercher ?
Alors oui, avec ce tome 1 Woodstock n’est pas encore exempt de certains défauts de jeunesse, mais c’est un vrai manga rock, à 100%. Et le ton passionné, les références bien trouvées et une intrigue pas prise de tête font passer la pilule sans problème. Un manga peut-être destiné à un public de niche, mais pour peu qu’on en fasse partie, il ne faut pas bouder son plaisir.
Visuels : WOODSTOCK © Yukai ASADA 2008 / Shinchosha Publishing Co.