[Festival West Side] À l’Ouest, du nouveau !

La première édition du festival West Side avait lieu les 14, 15 et 16 juin, à Notre-Dame-de-Monts (Vendée). Un endroit peu commun pour un festival de musiques très orientées pop/rock/électro, d’autant plus que la programmation proposait un important focus sur le Japon. Forcément, nous y étions. Voici le journal de bord de Thomas, notre envoyé spécial sur l’événement. 

La scène principale du festival - Photo Céline Maxant

Vendredi 14 juin 2013, 8h49 : Verre de jus Détoxe de Zumo dans la main, je monte dans le TGV n ° 8913 (Paris Montparnasse – La Roche Sur Yon) avec une gueule de bois de cinq kilomètres. La faute au Kawaii Café et à ses cocktails diaboliques de folie (à consommer avec modération, bien sûr). Je me déteste un peu. Ce voyage s’annonce placé sous le signe du sommeil inconfortable.J’espère endurer l’épreuve tant bien que mal, parce qu’a priori, la récompense est belle.

12h08 : Arrivée en gare de La Roche Sur Yon (Vendée). Ma dernière visite de la ville remonte à… pfiou… au moins un bon mois. Malgré ce court laps de temps, les choses ont changé : des animaux en bois peuplent le centre d’une ville en travaux. Je m’en fous vaguement, ne serait-ce que parce que durant le voyage, mon visage a pris toutes les couleurs de l’arc-en-ciel façon Pinkie Pie à Cloudsdale. Pas le temps de m’attarder, le devoir m’appelle.
18h06 : J’arrive tant bien que mal à Notre-Dame-de-Monts. Ma grumpy face de type post-alcoolisé s’est enfin dissipée, et c’est enthousiaste mais néanmoins fatigué que je découvre un site de festival très sympa, à taille humaine, avec deux scènes et une multitude d’espaces pour manger, boire et merchandiser. Le soleil est de la partie, l’océan est à deux pas, c’est très chouette.
19h20 : Après une interview stratosphérique avec les Nisennenmondai (à lire ici), le Tsunagari Taiko Center et ses gros tambours traditionnels ouvrent les festivités. Percussions lourdes, jeu avec le public (hélas encore discret), il s’agit là d’une mise en bouche nippone bien comme il faut. Ayuko, une des membres du groupe, souligne que la disposition des stands du festival lui rappelle les matsuri japonais. Ca ne peut être que bon signe. 

Le Tsunagari Taiko Center - Photo Thomas Hajdukowicz

21h03 : Après un set popeux sympa des américains de The Intelligence, les trois filles de Nisennenmondai montent enfin sur scène. Notons au passage que tous les horaires annoncés par le programme auront été respectés pendant la durée du festival, ce qui est toujours très appréciable. Pas de temps mort, donc. La rondeur répétitive et presque mécanique de la base rythmique imposée par Hime (la batteuse) et Zai (la bassiste) sert de tapis mystique à Masako (la guitariste), qui joue des effets pour créer une somme presque électro mais tellement instrumentale. Le public, bigarré (de jeunes locaux, des hypeux ligériens, des curieux attirés par le bruit et des blaireaux dans mon genre), entre rapidement en transe. Premier gros coup du festival.
21h56 : 50 trop courtes minutes plus tard, à dodeliner du corps, les trois musiciennes quittent la scène. Dernières artistes estampillées Japon de ce vendredi, je profite du reste de la programmation avant de me perdre sur les routes sinueuses du marais vendéen.

Nisennenmondai - Photo Thomas Hajdukowicz

Samedi 15 juin, 11h56 : Je me réveille comme une fleur après neuf heures de sommeil réparateur. Le temps de constater que je vais devoir me laver à l’eau froide tout le week-end et d’avaler un solide déjeuner, je retourne à Notre-Dame.
16h47 : Après une interview (à lire bientôt ici) avec la sympathique Yoshiko (guitariste et lead singer des 5.6.7.8’s), je file au Jardin du Vent pour voir la fin de la performance du duo Kuroda Ikuyo (danseuse) et Matsumoto Jiro (guitariste et chanteur). Prestation poétique et aérienne sur fond de folk/pop acoustique. J’en profite pour interviewer les deux artistes.

Kuroda Ikuyo & Matsumoto JiroKuroda Ikuyo & Matsumoto Jiro - Photo Céline Maxant

17h55 : Après une super interview avec l’américain aux origines nippones Shigeto (à lire bientôt ici), je retrouve la charmante Kumisolo pour une dernière interview. Tout ceci se conclut par une séance de photos très postales, prises par Céline.
Il fait beau, il fait chaud, ça sent l’été et les gyoza. Ajinomoto, partenaire du festival, a un stand où l’on peut se rassasier de raviolis grillés et de soupes de nouilles – étonnant mais génial, comme l’exprime Shigeto qui trouve l’idée « fucking awesome, man ! ». On ne peut qu’approuver.

Kumisolo et La Poste - Photo Céline Maxant

 
19h06 Après une nouvelle prestation du Tsunagari Taiko Center et le set de Dive Inn (dont c’était le dernier concert en compagnie de Peter, le batteur), Kumisolo monte enfin sur scène, en compagnie de Romain, son guitariste. La pop mâtinée de Shibuya kei de la jeune femme fonctionne. Le public, qui commence à affluer, se laisse prendre au jeu et danse, échange, partage avec l’artiste. Sa reprise de Victime de la mode de MC Solaar ainsi que son énergie scénique improbables auront fait mouche auprès de spectateurs qui, il y a 50 minutes, ignoraient tout ou presque de la chanteuse et de son univers coloré. Le sérieux du LOL est en marche.

21h32 : Après plus d’une heure à profiter de French Cowboy et de Dustin Wong et à constater l’état passablement cuits des visages de certains, par les coups de soleil et/ou la bière, les tant attendues 5.6.7.8’s arrivent enfin devant un public venu voir en vrai ce trio qui a connu le succès international il y a 10 ans (déjà) avec Kill Bill Vol. 1. Le set, d’abord garage/rockabilly/surf/punk/rock, explose avec un Woo hoo ! attendu de tous. Ca saute dans tous les sens. Puis les spectateurs se laissent agréablement surprendre par des reprises de comptines sur les tanuki ou du thème de Mothra. Malgré les 27 ans d’âge du groupe, l’énergie est toujours là, la technicité instrumentale aussi et c’est bien ça l’essentiel. Le concert se termine dans le noir. Surcharge d’énergie déclenchée par la ferveur du public remué par ce concert ? C’est ce que je veux croire et c’est l’idée que je retiens.

The 5.6.7.8's - Photo Céline Maxant

00h25 : Après deux longs sets de Blues Control et de Zombie Zombie, Shigeto lance ses machines. Et la magie opère : trip-hop, IDM warpienne, hip-hop… Tout ça évoque tantôt les productions de rap East Coast, tantôt DJ Shadow. Pour couronner le tout, l’artiste, seul sur scène, passe la moitié du temps à la batterie, rajoutant à la puissance du son électro. Breaks, déconstruction et force rythmique donnent envie de défoncer le sol, calé sur le beat. Je headbangue comme un fou, gigotant dans tous les sens. Shigeto manque une ou deux fois de tomber de son tabouret lors de cette performance visiblement très physique (il sue à grosses gouttes). Sa posture évoque Christian Vander, le batteur fou de Magma. En fin de concert, le public demande un rappel qui ne viendra pas, puisqu’il faut enchaîner.
Je reste quelques instants écouter le début du concert de Cheveu, qui conclut la journée. Mais rien n’y fait : mes oreilles bourdonnent encore de la prestation de Shigeto. Je rentre, me perd à nouveau et dors, épuisé mais heureux.

Shigeto - Photo Thomas Hajdukowicz

Dimanche 16 juin, 12h32 : Bonne fête papa ! Je me réveille avec un léger mal au niveau du corps. Même chose que la veille : nettoyage à froid, déjeuner, puis je file une dernière fois à Notre-Dame-de-Monts. C’est sur la plage que ça se passe aujourd’hui. Festivaliers et touristes se sont rassemblés autour du bien nommé Bistrot de la plage pour assister au concert tout doux du duo franco-japonais Izumi et Jun. Musique tranquille, relaxante, mêlant français, espagnol et japonais, parfaite pour conclure ce festival riche en découvertes. Je rentre, du sable entre les orteils et plein de belles musiques dans la tête.

Izumi et JunIzumi et Jun - Photo Thomas Hajdukowicz

Alors quel bilan tirer de cette première édition de West Side ? Quasiment que du bon.
Parce qu’en plus de voir des artistes nippons pas communs par chez nous, on a pu profiter d’une programmation vraiment excellente. Mentions spéciales à Frustration, dont la mère du chanteur était dans le public, ce que ce dernier a régulièrement rappelé entre deux morceaux de rock énervé, et au Rubin Steiner Band dont le set a merveilleusement conclu la première journée.
Parce que c’est un festival à taille humaine. Pas de queue aux stands ou aux toilettes, équipes organisatrices disponibles : c’est peut-être un détail pour vous mais pour nous ça veut dire beaucoup. C’est chouette de voir ça dans cette région du monde.
Parce que le cadre est génial : manger des gyoza tout en sachant que la plage est à 10 minutes de marche, c’est pas donné à tout le monde par chez nous.
Parce que pour une première édition, noter que le seul point faible, c’est l’installation électrique qui plante deux fois, ben c’est vraiment faire preuve d’une tatillonerie déplacée, eut égard aux nombreux efforts déployés pour que ces trois jours se déroulent correctement.
J’espère donc très sincèrement qu’une deuxième (puis une troisième, et une dixième, et une vingtième) édition verra le jour, avec toujours plus d’artistes motivants et motivés, plus de public curieux (VENEZ !) et plus de musique japonaise.

Un grand merci à l’organisation du festival pour son accueil et son professionnalisme (en particulier Vivien et Elodie), en espérant franchement pouvoir vous revoir dans d’aussi bonnes conditions l’année prochaine.

 

Photo Céline Maxant & Thomas Hajdukowicz © journaldujapon.com – Tous droits réservés.

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