Yosakoi Paris Hinodemai : une troupe et une danse à l’énergie débordante !
Lors de Japan Expo, il y a toujours des choses mémorables à voir ou qui marquent les esprits. Cela peut très bien être une idole de passage, un célèbre artisan, ou alors, comme ici, une simple rencontre avec une troupe survoltée de danse traditionnelle : Yosakoi Paris Hinodemai !
Retour sur leur prestation sur la scène SAKURA le 8 juillet, et sur un échange dans la bonne humeur avec ce groupe aussi énergique que passionné.
Yosakoi : kesako ?
Et si on commençait par les bases ? Pour ceux qui ne connaîtraient pas cette danse traditionnelle japonaise, voici de quoi vous éclairer…
Le yosakoi est une danse née dans les années 1950 à Koichi dans la préfecture du même nom, dans le sud de l’île de Shikoku au Japon. Au départ, cette danse s’inspirait pour beaucoup de la danse awa odori (autre danse traditionnelle japonaise très connue, on vous en dit plus par ici ) dont elle reprenait certains pas typiques. Avec les années, elle a su trouver sa propre évolution et, à présent, le yosakoi est une danse traditionnelle, avec ses propres us et coutumes et se dansant sur des musiques plus moderne et entraînante !
C’est donc une danse plutôt énergique. Si on devait vous donner ses deux principales particularités : tout d’abord des chorégraphies réalisées essentiellement pour de grands groupes. Au Japon par exemple, la moyenne est de 50 personnes. L’autre particularité consiste en des troupes mixtes et de tout les âges : vous pourrez donc retrouver des hommes, des femmes, des enfants et des plus vieux, vous aurez de tout au sein de ces troupes de danse.
Vous préférez un aperçu ? En voici un, au célèbre festival de Kochi qui a lieu chaque année.
Puis d’autres qui mélangent les styles de musiques :
Il faut savoir également que chaque troupe possède son propre happi (sorte de veste) avec des motifs et autres couleurs variés qui permettent de les démarquer. Ils ont également leurs propres accessoires, les plus courants étant : le naruko (un petit clapet sur un corps en bois qui tient dans la main, généralement jaune et noir, souvent coloré par les groupes), l’éventail, et depuis plus récemment le tambour et autres percussions, des rubans, etc.
Lors de leur passage à Japan Expo en 2015 puis cette année, la troupe Yosakoi Paris Hinodemai a fait une démonstration de plusieurs danses classiques dans le yosakoi afin de les montrer au grand public :
- la danse nanchu soran : qui représente une danse en rapport avec les pêcheurs, les mouvements y font donc référence dans la chorégraphie. C’est aussi un style musical bien spécifique. C’est l’une des danses les plus réalisées dans le yosakoi.
- la danse homura : plus en retenue mais qui est une recomposition par la troupe, dansé avec un éventail.
- la danse fuku no kami : une des danses les plus amusantes à réaliser en terme de mouvements, même si elle n’est pas si facile évidemment… une sorte de danse humoristique.
Chacune possède son rythme mais aussi ses propres cris afin de dynamiser la chorégraphie et d’emporter le public avec soi. Cela a permis à la troupe Yosakoi Paris Hinodemai l’an dernier de faire monter quelques personnes sur scène pour une initiation. L’explosion d’énergie de cette danse et sa synchronisation entre les membres permettent vraiment d’attirer le public, et ce ne sont pas les artisans du stand culturel du salon, ni la mascotte Kumamon qui diront le contraire : ils ont tous dansé à un moment ou un autre avec la troupe sur le festival.
Présentation d’une troupe qui a le vent en poupe !
Journal du Japon : Bonjour Yosakoi Paris Hinodemai ! Nous sommes ravis de vous rencontrer. Pourriez-vous en dire un peu plus sur vous à nos lecteurs ?
Yosakoi Paris Hinodemai : Bonjour. Nous sommes une petite troupe de yosakoi formée d’une dizaine de personnes. L’histoire a débuté en octobre 2014 quand une japonaise expatriée a voulu faire parler de cette danse traditionnelle qu’est le yosakoi en France, et particulièrement à Paris. Elle a monté la troupe avec deux-trois autres personnes avant de s’en aller au bout de quelques mois. Elle nous a formé à cette danse avant car peu de personnes savaient la danser et l’avaient appris. En 2015, une nouvelle génération est arrivée dans la troupe, et aujourd’hui, en 2016, nous sommes une petite dizaine. D’ailleurs, la troupe possède autant de membres japonais que français. Les anciens ont formé les nouveaux et c’est de cette façon que notre troupe dure et perdure.
Vous semblez représenter plusieurs tranches d’âges également, un peu comme les équipes japonaises, non ?
Oui, de 7 à 77 ans (Rires). Non, en effet on a un peu tous les âges dans la troupe. Nous avions même deux enfants jusqu’ici, dont un de sept ans, deux petits japonais. Mais ils viennent de repartir vivre au Japon donc on peut dire à présent que l’âge moyen se trouve entre la vingtaine et la quarantaine. Néanmoins le niveau s’adapte vraiment à tout le monde, débutants comme professionnels, curieux comme habitués !
Comment fonctionnez-vous alors, exactement ?
Notre troupe est devenue une association au fil des ans, et depuis cette année, nous avons en effet pu prendre ce statut. Donc nous nous retrouvons environ deux fois par semaine pour les entraînements : en hiver nous sommes dans une salle, qu’on loue et pour laquelle nous cotisons tous pour la payer, et en été nous sommes en plein air dans le parc de La Villette (proche Paris), notre secteur. Autrement, chacun se fournit lui-même en accessoires et aide à la conception des costumes pour les représentations. Pour le reste, comme il s’agit d’une association, tout est fait de façon bénévole, et on recherche autant que possible des subventions pour certains de nos déplacements, surtout quand on doit aller à l’étranger.
Pourquoi ce nom de troupe et quelle est donc sa signification ?
(Rires) En fait, cela vient d’un jeu de mot tout japonais ! Mais si on devait décortiquer un peu cela donnerait ça : pour hinodemai proposé par un membre à la base, hinode signifie « soleil levant » et mai le mot « danse », accessoirement « hinodemai » c’est aussi une marque de riz connue au Japon (Rires). Ensuite il fallait faire apparaître le mot yosakoi. Donc cela a donné Yosakoi Paris Hinodemai, mais si on traduisait tout ça littéralement cela dirait que nous sommes des « petits grains de riz qui dansent au soleil levant » (Rires).
Vous parliez tout à l’heure de déplacements. Vous participez souvent à des festivals ?
Oui on peut dire qu’on participe de plus en plus à ce genre de salons ou à d’autres festivals. On nous appelle le plus souvent. Là, rien qu’en un an, nous avons participé à six festivals : Japan Expo Sud à Marseille, la Japan Expo ici à Paris, C’est Bon le Japon à Paris… On bouge un peu partout même en Europe grâce au YEN (Yosakoi European Network) qui organise des festivals de yosakoi. C’est un réseau européen pour la promotion du yosakoi. En 2015, on a ainsi pu participer au festival de Stockholm organisé par le YEN. Nous sommes six troupes à en faire partie activement : deux équipes en France, dont celle de Bordeaux avec qui on a déjà fait des démonstrations (les Koidoukai = carpes rouges), une en Pologne (Sakuramai Poland), une en Suède (Zyka Yosakoi), une aux Pays-Bas (les Raiden team) et une dernière en Allemagne (Todoroki). On essaie donc de faire des rassemblements de yosakoi européen. On a voulu par exemple que l’un de ces rassemblements se fassent à Japan Expo, mais la scène et la logistique ne sont pas faites pour, peut-être un jour.
Vous parlez de difficultés, ici plus en rapport avec de la logistique, mais en avez-vous d’autres ?
Disons que comme on nous contacte directement pour des démonstrations, de ce côté-là, on n’a pas autant de difficultés qu’on pourrait le penser. Comme nous dansons une danse plutôt dynamique et entraînante, on a tendance à attirer un peu plus facilement l’attention qu’une autre activité culturelle représentée dans un salon, comme une exposition par exemple. Côté japonais autrement, c’est un membre de notre groupe qui s’en occupe, car on essaie de rester en relation avec la ville de Kochi, le berceau du yosakoi. Après, ce qui nous ralentit un peu c’est notre petit nombre. Dans certaines des autres troupes européennes, il y a plus de personnes car les troupes ont été formées dans des universités en majorité. Ils mettent donc en avant le côté « activité culturelle » plus que « danse traditionnelle », résultat ils ont peut-être plus d’hommes. C’est ce qui en ralentit certains ici en France, dès le mot « danse », ils s’enfuient. Pourtant, le yosakoi c’est pour tout le monde.
En France, depuis l’été 2013, on peut suivre les aventures d’une petite troupe lycéenne de yosakoi dans le manga Hanayamata, publié chez Doki-Doki. Auriez-vous été contacté par l’éditeur pour en parler ?
On n’était pas au courant qu’un tel manga sortait (ndlr: une membre de la troupe s’exclame énergiquement qu’elle, c’est grâce à ce manga si elle a voulu tenter le yosakoi et passer la porte de l’association). Mais si jamais l’éditeur souhaitait nous en parler, on ne dirait pas non à un échange.
Et pour les mois à venir, voir les années, quels sont les projets de l’association ? Continuer des échanges avec le YEN ou aller au Japon peut-être ?
Il y a en effet au moins deux choses à venir d’ici 2020. D’abord à l’initiative de la ville de la préfecture de Kochi, qui tous les ans organise un grand festival au mois d’août : ils nous ont convié à venir participer et voir de nous-même un tel festival, donc trois personnes de notre équipe y seront cette année en guise d’ambassadeurs (ndlr: à l’heure où sort cet article, les trois ambassadeurs sont revenus de leur séjour ravis, vous pouvez le voir sur leur page facebook)…
Ceci a pour but de préparer le festival qui aura lieu en 2020 : cela coïnciderait en effet avec la fin des Jeux Olympiques à Tokyo. Ils essaient donc de recruter des équipes de yosakoi à l’international pour promouvoir cette danse sur un autre plan. C’est pourquoi, avec le YEN, nous sommes en train de mettre en place une équipe européenne afin d’être représenté déjà au festival de Kochi de 2017. Donc on part vraiment du pôle européen pour aller vers le pôle international mais ça suit bien son cours. Les projets sont là.
Un dernier mot pour la fin ?
« Venez nous voir à La Vilette ! » : on est petite une association mais « Venez participer à au moins un entraînement ou plusieurs pour vous faire votre avis » ! Notre porte est grande ouverte pour vous faire partager notre passion pour cette danse traditionnelle.
Merci beaucoup à vous !
Pour ceux qui souhaiteraient suivre la troupe, retrouvez-les sur leur page facebook.
5 réponses
[…] une édition un peu spéciale qui nous emmène directement au Japon, à Kochi. Après avoir rencontré au dernier Japan Expo la troupe de Yosakoi (cette danse traditionnelle nippone) du nom de Yosakoi Paris Hinodemai, voici un reportage de 4 […]
[…] avec Gensen, nous sommes allées voir le spectacle de Yosakoi sur la scène Sakura, avant d’interviewer la troupe dynamique et passionnée. […]
[…] année, elle réalise Hanayamata, adaptation d’un manga du magazine Manga Time Kirara sur le yosakoi. Les années suivantes, elle continuera d’assurer la réalisation sur la série Prince of […]
[…] une édition un peu spéciale qui nous emmène directement au Japon, à Kochi. Après avoir rencontré au dernier Japan Expo la troupe de Yosakoi (cette danse traditionnelle nippone) du nom de Yosakoi Paris Hinodemai, voici un reportage de 4 […]
[…] qu’en 2016 nous vous présentions l’une des équipes françaises de yosakoi et qu’en 2018, nous vous offrions des photos du grand rassemblement européen d’équipe yosakoi […]