A la découverte des tambours taiko et de la danse awa odori
Comme toujours à Japan Expo, avec un peu de curiosité en furetant dans le programme, on peut découvrir des choses très intéressantes et ancrées dans la culture japonaise.
Le vendredi après-midi sur la scène Sakura, sous l’appellation « Les arts traditionnels japonais » nous avons ainsi pu assister à une présentation sur les tambours taiko et la danse awa odori, au centre des fêtes de quartiers populaires au Japon.
Deux professeurs de l’école parisienne Tsunagari Taiko Center, Ayuko BONNAN YONEMURA et Cola BONNAN nous ont en effet présenté leur pratique et leur philosophie, lors d’une présentation très enjouée et convaincue qui a plutôt touché le public !
Des tambours typiquement japonais
Le taiko est un tambour assez imposant, qui peut mesurer jusqu’à deux mètres de diamètre.
A la base, chaque village possédait son propre taiko qui pouvait être plus ou moins grand, la portée du son de celui-ci correspondait alors aux limites du village !
On peut entendre son son spécifique, censé appeler la bonne fortune, dans les temples ou lors de certaines occasions, comme par exemple pendant les matsuri, ces festivals de rue qui animent l’archipel nippon durant l’été.
Le mot taiko est générique et désigne de manière générale les percussions, l’instrument que nous avons donc sous les yeux est plus spécifiquement un wadaiko.
Il est fabriqué à partir du tronc d’un orme du Caucase, et peut durer mille ans !
La peau tendue par-dessus a par contre une durée de vie réduite, de 10 à 15 ans, et doit être changée par un artisan spécialiste de cet instrument, dont la confection demande un véritable savoir-faire.
Une danse simple et enjouée
Depuis les années 60, la pratique du taiko est devenue un art à part entière, grâce à la danse awa odori (ce qui signifie littéralement « la danse venant de la province d’Awa »).
Celle-ci peut être accompagnée par le tambour, mais aussi par des flûtes ou des sonnettes.
Pour nous montrer comment les deux pratiques se mêlent, les deux professeurs nous ont proposé une courte démonstration, Cola BONNAN au taiko et Ayuko BONNAN YONEMURA à la danse, cette dernière nous invitant à deviner le sens de ses mouvements qui imitaient la grâce d’un cerf-volant porté par le vent.
Au Japon, c’est une activité que l’on peut découvrir pendant les fêtes populaires, d’ailleurs les musiciens et danseurs sont souvent des gens du quartier travaillant à côté, qui se réunissent et revêtent leurs costumes traditionnels de fête pour cette occasion (les happi), afin de s’en donner à cœur joie dans les rues avec les passants !
Ce moment joyeux est là surtout pour accueillir les ancêtres pendant la période du O-bon qui se déroule au mois d’août au Japon. Il s’agit d’une fête traditionnelle qui ne doit pas être triste comme nous l’explique Ayuko. En effet, tout comme le carnaval (en plus structuré toutefois), l’awa odori permet d’honorer les morts de manière festive !
Remettre de l’animation dans les quartiers
Ayuko nous décrit le Japon moderne comme un pays où les villes deviennent inanimées, parce que les gens préfèrent aller dans les supermarchés et désertent leurs petits commerces de proximité. De plus, la société est si contraignante qu’il est facile de se replier sur soi…
Grâce à la pratique du taiko et de la danse awa odori, les petits commerçants ont ainsi voulu transmettre leur joie et leur dynamique de quartier, afin de se reconnecter avec les habitants, mais aussi attirer les touristes.
La volonté est donc de reconstruire le tissu social et économique des villes, et cette approche moderne s’allie à l’aspect traditionnel de ces pratiques, qui existent depuis 400 ans !
Une philosophie optimiste et tournée vers le lien
En comparant la société japonaise et celle française, finalement assez similaires sur certains points, les deux professeurs nous montrent que ces initiatives pourraient être un exemple à suivre dans nos villes.
En effet, pour reprendre les termes d’Ayuko, qui nous a montré les fameux cris qui accompagnent la musique (des syllabes qui ne veulent d’ailleurs pas forcément dire quelque chose en japonais), « quand un danseur a la banane, ça donne le sourire à tout le monde ! »
Et ça fonctionne sur le public de Japan Expo en tout cas !
De même que la danse possède une force d’attraction communicative, le taiko est selon Cola un « véritable amplificateur d’âme, qui nous transmet la joie de l’artiste ».
Pour nous prouver ces dires, les professeurs nous jouent le même rythme avec leur tambour, mais en l’interprétant différemment suivant que l’élève est stressé, trop détendu, ou encore dans sa bulle.
La démonstration est très parlante, on comprend que suivant l’état d’esprit de l’instrumentiste, la position du corps, la manière de frapper le tambour, et le son qu’il émet, sont par ricochet très différents.
Comme si un cours débutait sous nos yeux, les deux professeurs nous expliquent qu’il faut ainsi rester ancré les deux pieds par terre avant de se lancer !
La pratique pourrait sembler plus exigeante qu’il n’y paraissait au premier abord, pourtant Ayuko et Cola se défendent de juger leurs élèves ou d’exiger d’eux de « faire comme le professeur » ou « comme les japonais ». Selon eux, au contraire, chacun doit aller chercher à l’intérieur de lui-même et avec sa propre morphologie, sa manière d’aborder l’instrument.
En effet, à la base au Japon il n’y a pas vraiment d’école pour apprendre cette discipline, c’est une pratique populaire plutôt qu’un art élitiste, et donc il n’y a pas cette notion de « bien fait » ou « mal fait », et chacun peut en faire : « qu’on soit beau ou pas, mince ou pas, musclé ou pas, japonais ou non, et quel que soit notre âge, rien ne devrait nous empêcher d’essayer ce que l’on a envie d’essayer ! »
Dans leurs cours et leurs stages comme dans leurs spectacles, les professeurs et leurs élèves ont ainsi pour but de transmettre l’ambiance légère et conviviale de leur pratique, c’est d’ailleurs le sens du nom de leur école, Tsunagari Taiko Center, tsunagari signifiant « lien ».
Pour expliciter cet objectif, ils nous précisent qu’il s’agit du « lien entre les acteurs des arts populaires japonais » mais aussi du « lien entre les êtres humains, entre l’Homme et son environnement, et donc entre toutes choses ».
L’écho des montagnes
Pour finir leur présentation, les deux professeurs entament un nouveau morceau, tous les deux aux tambours.
La rythmique Makado/Shimé s’est transmise de génération en génération et de ville en ville, avant d’être jouée en France, ce qui illustre bien la volonté de créer du lien avec cette musique !
Ils finissent enfin avec une création personnelle, le yamabiko, un morceau dont le nom japonais signifie « l’écho des montagnes ».
Et après cette présentation aussi instructive qu’enjouée, c’est sûr qu’en les écoutant, désormais on entend bien plus que de simples roulements de tambour !
Pour découvrir l’école, rendez-vous sur le site officiel, rendez-vous sur leur chaîne You Tube ou suivez-les sur Twitter.
Remerciements à Charlène HUGONIN et Sarah MALIS pour les photos.
4 réponses
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