Un jour à Tokyo : Hanami & les prémices du printemps

Au Japon, la fête annuelle du Hanami est, à plus d’un titre, un événement exceptionnel. On assiste à un spectacle naturel de toute beauté, on oublie le quotidien et, plus important encore, ce rituel permet de se rassembler en amoureux, entre amis, ou avec sa famille.

Nous vous emmènerons aussi du côté de la ville de Kawasaki pour vous présenter un festival d’une tout autre nature, se déroulant à la même période que le Hanami : le festival déjanté du pénis de fer.

Que vous soyez donc amateur de délires nippons ou davantage séduit par la poésie des cerisiers, Journal du Japon vous propose de revenir sur ces traditions qui marquent les prémices du printemps.

 

Le Hanami : Une célébration millénaire

début de floraison au Shinjuku GyoenA l’origine, le Hanami remonte à la période de Nara (710-794). A cette époque, ce ne sont pas les cerisiers mais les pruniers qui sont l’objet de tous les regards. C’est seulement sous le règne de l’empereur Saga, au début du IXe siècle, que ce rituel de contemplation floral met le cerisier à l’honneur. Bien entendu, seule l’élite prenait part à ces célébrations, et ce n’est qu’au fil du temps que la pratique se démocratisa.

Le sakura, comme on l’appelle au Japon, fait partie de ces éléments naturels que l’on peut rattacher à la tradition animiste (le fait que des esprits, âmes ou forces vitales fassent partie intégrantes de certains éléments de la nature). En effet, les croyances veulent que des kami (divinités) abritent ces arbres. Ces dernier ont pour autre fonction d’annoncer la saison de plantation du riz : la nourriture, qui faisait office d’offrande à l’origine, sert maintenant à se remplir la panse et s’alcooliser avec plus ou moins de modération.

Les sakura et la lune à MarunouchiDepuis maintenant un millénaire, le sakura est devenu un véritable symbole au pays du Soleil-Levant. On le peint (Le mont Fuji vu à travers des cerisiers, Hokusai, XIXe), on le chante (Sakura Zukiyo, Kagrra, 2009) il sert d’emblème à la police, etc. Sa célébration pendant le Hanami figure même dans des œuvres majeures de la littérature nippone telle que le Genji monogatari (XIe siècle) de Murasaki Shikibu

Après avoir retracé l’histoire de cet événement majeur, voyons maintenant comment se déroule Hanami et comment faire pour le préparer au mieux ! 

Comment bien réussir son Hanami

Avant toute chose, il faut savoir que pour un Hanami bien réussi, une préparation en amont est indispensable. Tout d’abord, se renseigner sur le climat, puis choisir son spot et enfin se procurer le matériel nécessaire.

Première étape, la météo. En dehors du soleil, c’est la période de floraison qu’il faut guetter car celle-ci varie d’une année à l’autre. L’information est bien sur relayée par une quantité astronomique de médias dans l’archipel. Mais l’idéal reste encore de consulter le site de l’office du tourisme japonais dans sa version anglaise pour obtenir la carte de floraison des cerisiers dans l’archipel.  

Tableau des périodes de floraisons des sakura à Tokyo

Year

Date of first bloom

Date of full bloom

2014

25-Mar

30-Mar

2013

16-Mar

22-Mar

2012

31-Mar

6-Apr

2011

28-Mar

6-Apr

2010

22-Mar

1-Apr

2009

21-Mar

2-Apr

2008

22-Mar

27-Mar

2007

20-Mar

29-Mar

2006

21-Mar

28-Mar

2005

31-Mar

6-Apr

 

Hanami au Yoyogi koenAprès avoir déterminé la meilleure période pour célébrer le Hanami, il faut s’atteler à la recherche d’un emplacement. Regardons de plus près le cas de Tokyo.

Parmi les plus célèbres spots pour pique-niquer et contempler les sakura nous retrouvons le parc de Yoyogi (Shibuya), le parc de Shinjuku, la rivière de Meguro ou la rivière de Sumida, Chidorigafuchi (Marunouchi) et le parc d’Ueno. Tous ces lieux sont enchanteurs, mais il faut prendre la peine de se renseigner sur ce qu’il est possible ou non d’y faire. Par exemple, il est interdit de fumer dans le parc de Shinjuku et les illuminations nocturnes cessent à 21h à la rivière Meguro.

En revanche ils auront tous pour point commun d’être bondés pendant la brève période de pleine fleuraison (4 à 7 jours en moyenne). Il faut donc arriver en fin de matinée ou début de soirée pour pouvoir s’attribuer un emplacement décent. Premier arrivé, premier servi !

Chidorigafuchi de nuitLa célébration du Hanami se fait également la nuit. Des éclairages destinés à mettre en valeur les cerisiers sont disposés spécialement pour l’occasion. De plus, il est possible de goûter à un large choix de nourriture via les stands prévus à cet effet. Et même parfois, d’assister à de petits concerts.

Pour les personnes désireuses d’admirer la beauté des sakura tout en évitant une foule trop nombreuse, le mieux reste encore de se promener du côté des temples ou des cimetières. Le célèbre sanctuaire de Yasukuni (Marunouchi), le plus confidentiel Kuhonbustsu (Setagaya) ainsi que le cimetière Aoyama Reien (Minato) vous raviront à coups sûr.

Dernière étape : le matériel. Pour se procurer sans se ruiner les accessoires essentiels à un pique-nique digne de ce nom (bâche, sacs poubelle, assiettes, couverts et verres en plastique etc.), l’endroit idéal s’appelle 100 yen shop. L’équivalent de nos « tout à 2 euros »… sauf qu’ici 100 yen correspond à moins d’un euro !

En ce qui concerne la restauration, deux solutions : se fournir dans un konbini (supérette) ou alors sur place dans l’un des nombreux yattai (stand culinaire) proposant un large choix de nourriture locale.

ChidorigafuchiSi vous comptiez vivre le Hanami au Japon, vous êtes maintenant prêt à vous lancer à l’aventure. De cette fête, nous retiendrons ses trois dimensions principales : traditionnelle car elle se perpétue depuis des siècles, religieuse pour son ancrage dans les croyances animistes et sociale car plus de 60% des japonais y participent chaque année.

Un dernier petit conseil pour savourer le Hanami : cueillez le jour sans vous soucier du lendemain, carpe diem !

 

Bonus : Le Kanamara matsuri, une fête peu commune

Avec l’arrivée du printemps, les sakura ne sont pas les seules choses à être célébrées. Si la floraison des cerisiers vous semble anecdotique, nous vous proposons une alternative avec l’un des festivals les plus déjantés de l’archipel : le Kanamara Matsuri, plus connu sous le nom de festival du pénis de fer !

Chaque année, le premier dimanche d’avril, ce festival de la fertilité a lieu au sanctuaire Kanayama dans la ville de Kawasaki. Des palanquins nommés mikoshi accueillant des pénis aux tailles démesurés paradent dans la ville jusqu’au sanctuaire. Omamori (porte bonheur), bougies, sucettes, statues etc., tout est à l’effigie du membre d’honneur. C’est l’occasion pour les japonais de venir prier pour leur fertilité devant cette turgescente divinité.

                           La procession avec le membre d'honneur          La procession avec le pénis de fer

Ce festival d’une journée attire les jeunes comme les moins jeunes et on y trouve un grand nombre d’étrangers qui viennent se gargariser de cette pratique singulière et accessoirement savourer une friandise coquine.

Pourquoi le nom de pénis de fer ? La légende veut qu’un démon aux dents acérées se soit caché dans le vagin d’une jeune fille. S’ensuivit la castration de deux jeunes mâles pendant leurs nuits de noces. C’est alors qu’un forgeron forgea un pénis de fer pour pourfendre le démon. Ce pénis devint par la suite une relique.

                                          Des japonais pleins d'humour           L'attraction du grand pénis en bois

Évoquer le sujet du sexe au Japon reste relativement tabou en règle général, mais la vénération du sexe masculin dans le cadre spirituel est au contraire une pratique courante dans ce pays depuis des siècles, ce n’est donc pas étonnant de la voir se perpétuer de nos jours.

Ce festival exubérant se déroule dans une ambiance bonne enfant. Une véritable opportunité pour passer un moment atypique, et de voir les japonais se prendre en dérision. Alors si vous voulez vivre une expérience originale au Japon, allez faire un tour au Kanamara matsuri !

 

 Retrouvez les autres chroniques d’Un jour à Tokyo :

– Un jour à Tokyo : Shibuya, l’arrondissement star de la capitale 

– Un jour à Tokyo : Shinjuku, l’arrondissement privilégié des résidents étrangers

– Un jour à Tokyo : Marunouchi et Akihabara, des quartiers aux antipodes

– Un jour à Tokyo :nature, culture et découverte à Ueno

– Un jour à Tokyo : Tsukiji, Oshiage, Asakusa, des quartiers de classe internationale

– Un jour à Tokyo : l’arrondissement de Minato ou le royaume du divertissement

– Un jour à Kanagawa : les villes historiques de Yokohama et Kamakura

 

Photos réalisées par Nathan Boulant pour ©journaldujapon.com – Tous droits réservés

26 réponses

  1. Clara dit :

    Extra ! Pour prolonger chez nous la délicatesse et le bonheur de Hanami, cette belle branche de cerisiers en fleurs 🙂
    http://www.bluebaobab.fr/21-bijou-cerisiers-en-fleurs-ebene-noir-bois

  1. 4 mai 2015
  2. 13 juin 2015

    […] c’est sa beauté naturelle. On dénombre plus de 1000 cerisiers (ce qui en fait un endroit idéal pour le Hanami) ainsi qu’un étang magnifique recouvert de lotus : on en oublierait parfois qu’il y a de […]

  3. 29 août 2015

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  4. 29 août 2015

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