Japan Anima(tor)’s Exhibition : retour sur les épisodes précédents (13 à 16)
Retour du récap de la Nihon Animator Mihonichi avec la deuxième saison du projet. Comme de coutume, nous vous présenterons le staff de chaque épisode et nous ferons un petit focus sur le monde de la japanime lorsque le sujet s’y prête. C’est parti, et pensez à cliquez sur le titre pour voir le court métrage.
#13 Kanón
Résumé : Adam, à force de questions existentielles, décide de détruire le monde et se voit en recréer un. Hélas, tout ne se passera pas comme prévu pour l’apprenti créateur…
Mahiro MAEDA a fait ses débuts chez Ghibli en tant qu’animateur avant de fonder son propre studio : Gonzo. Il occupait déjà le poste de réalisateur sur le sixième épisode de la JAE Nishi-ogikubo.
Le directeur technique est Hibiki YOSHIZAKI que nous avons déjà vu en tant que réalisateur sur ME! ME! ME! et Tatsuya KUSHIDA est ici directeur artistique, poste qu’il a occupé sur Golden Boy et sur le film de One Piece : Baron Omatsuri et l’île secrète.
Basé sur la nouvelle de Karel Čapek, Adam le créateur, le court nous présente la Création selon Adam et le Nouveau Monde. Vous y trouverez évidemment beaucoup de références bibliques et de questionnement sur la condition humaine, la raison de vivre et les conséquences qu’engendrent nos choix.
Kanón se veut très bavard, et nous pouvons saluer la performance de Koichi YAMADERA qui assure un débit de parole à faire pâlir Busta Rhyms ou Eminem. Notons enfin quelques clins d’œil à Evangelion via les panneaux de kanjis qui servent d’interrogatoire à un personnage mis sous projecteur.
#14 Sex & Violence with Machspeed (contenu explicite)
Résumé : Un chien nommé Matt a de sérieux problèmes d’ordre sexuel. Il décide donc de se rendre dans une agence de détective connue pour abriter la plus belle fille de la ville.
Ce court métrage est d’Hiroyuki IMAISHI, co-fondateur du studio Trigger et connu pour avoir créé Gurren Lagann. La musique est produite par le label américain d’électro Attack The Music, et réunit divers artistes japonais sur ce projet.
Sexe, violence, musique hardcore, autant dire que nous avons ici un court métrage qui tâche, mais c’est un peu le style d’IMAISHI qui veut ça. Lorsque l’on lâche un peu la bride à cet ancien de Gainax, cela donne Panty & Stocking with Garterbelt (le titre du présent court étant un hommage non dissimulé) ou encore Deads Leaves, qui allait déjà très loin dans la représentation sexuelle (des foreuses et de la sodomie entre autres).
Si dans les faits, les actes des personnages semblent extrêmes et inmontrables, c’est bien parce que l’aspect visuel est cartoonesque et irréaliste que cela reste possible.
« Un enfant se fait lyncher à mort avant de se faire manger par des rats, pendant que la mère nymphomane d’un autre tourne des vidéos scatophile », le résumé d’une telle œuvre peut sembler d’une violence inouïe, mais ce n’est finalement qu’un passage banal de South Park.
Plus la représentation des choses devient abstraite ou irréelle, via des personnages dessinés de manière fantasque, plus la liberté de ton peut être grande et se permettre de dépasser les bonnes mœurs.
# 15 Obake-chan
Résumé : Nous suivons les aventures d’Obake-chan, une apprentie revenante lors de plusieurs petits sketchs dans l’esprit d’un format yonkoma (manga en quatre cases, souvent humoristique).
Lorsque nous avions interviewé Shigeto KOYAMA, celui-ci évoquait son désir de passer à la réalisation. C’est maintenant chose faite pour le designer de Eureka Seven et Heroman, qui est également au concept de l’œuvre présentée. Hiromi WAKABAYASHI, son ami et comparse, est également de la partie en tant que directeur technique.
Puisque les visuels mis à disposition par le staff sont exclusivement des extraits de storyboard, attardons-nous quelques instants sur cet aspect de la création d’un anime…
Le storyboard d’un anime a ceci de particulier d’être d’une précision millimétrée. En effet, contrairement au cinéma, où une case de storyboard tient plus de repère et d’indication générale, celui de la japanime décrit chaque plan en étant accompagné d’un timing de la séquence, et précise tous les bruitages et dialogues à tel point qu’il porte un nom spécifique : ekonte. Ce travail spécifique provient de la nature même d’un anime, car si des acteurs peuvent facilement refaire une prise face caméra, refaire quelques dizaines de dessins à cause d’un manque d’information est une terrible perte de temps et d’argent.
#16 Tsukikage no Tokio (Tokio de l’ombre de la Lune)
Résumé : La Terre n’est pas seulement la station touristique la plus populaire du système solaire, mais également un lieu que de nombreuses forces belliqueuses tentent d’envahir. Parmi les huit gardiens qui se dressent contre l’ennemi pour sauver ce trésor de l’univers, Tokio – le gardien de la lune – entretient une correspondance radiophonique avec Setsuko, une jeune terrienne aveugle.
L’histoire originale est de Goichi SUDA (Suda51), président du studio Grasshopper Manufacture, qui a réalisé le jeu vidéo No more heroes. Le réalisateur Takanobu MIZUNO est connu, via son studio Kamikaze Douga, pour concevoir de l’animation en 3DCG au design cell-shading.
Cette texture est certainement le meilleur moyen pour donner à une animation assistée par ordinateur l’aspect d’un dessin traditionnel. Les contours des personnages et objets sont soulignés tel un trait de crayon, et les nuances d’ombrage sont très marquées comme dans un anime. Le studio de Takanobu MIZUNO a déjà participé à des animés avec cette technique notamment sur l’OAV Freedom, et dans les nouveaux opening de JoJo’s Bizarre Adventure.
Cependant, ce rendu graphique est surtout utilisé dans le domaine des jeux vidéo. Kamikaze Douga a d’ailleurs participé aux jeux Short Peace, Final Fantasy Tactics: The War of the Lions, Fantasy Life ou encore Dragon Quest IX.
Travaux du studio Kamikaze Douga
Takanobu MIZUNO nous offre ici un véritable metling pot visuel. Plusieurs méthodes d’animation se côtoient, parfois sur le même plan, allant du dessin traditionnel, à la 3DCG, en passant par des styles beaucoup plus abstraits comme le visiteur en début de vidéo. Ce parti prit visuel ne sera pas sans rappeler Mind Game.
Le script, très référencé, ne s’embarrasse pas d’intrigue poussée et préfère une narration plus axée sur l’émotionnel.
Journal du Japon continuera de relayer les vidéos du site sur ses réseaux sociaux lors de la séquence sakuga du dimanche. D’ailleurs, les plus curieux pourront explorer ce thème dans notre dossier dédié.
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