Japan Anima(tor)’s Exhibition : retour sur les épisodes précédents (5 à 8)
Nous continuons ce soir notre tour d’horizon des courts métrages de la Japan Animator Exhibition commencé ici. Ce sera l’occasion de faire un focus sur les décors issus de la japanime, et de s’intéresser un peu aux gribouillis de Shunya OHIRA.
#5 Gensatsu Gundam
Résumé : Nous voici en présence d’un montage mettant en évidence les rapports entre image préparatoire et rendu final. Les dessins originaux ont été montés de la même manière que les celluloïds de l’époque.
Les croquis en question ont des rôles très importants à jouer dans la conception d’un anime et portent des noms bien précis. Il existe plusieurs types de feuille de dessin préparatoire, mais disons pour simplifier qu’il y a ici en majorité des poses clés et quelques layouts.
Pour rappel, les premiers visuels à apparaître dans la création d’un épisode sont ceux du storyboard, qui donnent naissance aux layouts (définissant tous les éléments d’un plan), avant de terminer sur les poses clés et intervalles, qui sont les dessins définitifs mais non-colorisés.
Les séquences présentées sont donc celles de deux noms indissociables de la saga Gundam :
Yoshikazu YASUHIKO, qui a joué un rôle central dans la conception visuelle de Mobile Suit Gundam en étant animateur, character designer, directeur de l’animation et directeur créatif, si bien qu’après 35 ans cette série reste toujours très populaire au Japon.
Ichiro ITANO fût promu à la création d’images originales sur cette série alors qu’il était encore débutant. Malgré l’inexpérience, il fait preuve d’un talent qui impressionne ses pairs et va révolutionner le genre mecha.
Hideaki Anno a été profondément affecté par les travaux des deux hommes, et cela a lancé sa propre carrière d’animateur, d’où son choix de les mettre en avant dans cette vidéo.
#6 20min Walk From Nishi-Ogikubo Station, 2 Bedrooms, Living Room, Dining Room, Kitchen, 2mos Deposit, No Pets Allowed
Résumé : Rika s’est réveillée sur le canapé, dans la salle habituelle. Mais elle sent une atmosphère étrange…
Réalisateur : Mahiro MAEDA, co-fondateur du studio Gonzo et réalisateur de Blue Submarine N°6 et Gankutsuō.
Sous ce titre à rallonge nous avons une histoire toute simple et un graphisme d’une extrême délicatesse, très proche de l’aspect visuel du dernier Princesse Kaguya. Mais plutôt que de déblatérer sur la candeur de ce court, attardons-nous sur le travail d’un animateur : Shinya OHIRA. Lorsque le compagnon jette le sac, il agit de manière répulsive et fait des moues de dégoût. Le style d’OHIRA va dans ce sens, et accentue cet effet. On pourra ne pas trouver ça « beau », bien que cela dépende des goûts, mais il faut avouer que les mouvements de caméra, les perspectives et la fluidité sont exemplaires.
Nous vous parlions dans le dossier sakuga de la force que certains animateurs clés peuvent donner à une scène. Ceci est l’exemple parfait.
OHIRA a un trait reconnaissable et très brouillon, et si dans une scène statique il n’aurait pas sa place, quand l’action s’emballe son travail prend tout son sens.
Si cette animation ne vous parait pas étrangère, malgré qu’elle rentre difficilement dans les carcans des animes lambdas, c’est certainement parce que vous avez vu son travail dans Kill Bill et la section Kid Story d’Animatrix (et plus récemment dans l’opening de Ping Pong).
#7 until You come to me
Résumé : Cette vidéo présente les croquis préparatoires de Tatsuya KUSHIDA sur Evangelion 3.0 (Attention, peut contenir des SPOILS !)
Les layouts sont de lui-même, d’Hideaki ANNO et de Tadashi HIRAMASU (chara design sur Parasite).
Outre la direction artistique, Tatsuya KUSHIDA a souvent officié sur la conception même des décors dans Akira, La colline aux coquelicots, La traversée du temps ou encore les récents Princesse Kaguya d’Isao TAKAHATA et Le vent se lève d’Hayao MIYAZAKI.
Les décors sont les grands oubliés des productions d’anime, mais le travail à fournir pour les produire n’en est pas moins important. Pour pouvoir se détacher clairement des objets en mouvements, dessinés avec des couleurs primaires, les décors sont peints à la main et demandent un travail d’orfèvre.
Les pinceaux étant parfois trop gros pour cette tâche, la peinture peut être appliquée au stylo plume, comme dans cette vidéo de démonstration du studio 4°C :
Les longs métrages, aux budgets conséquents, mettent plus souvent les décors en avant avec des plans très larges ou des mouvements de caméras complexes. Ces scrollings horizontaux ou verticaux, qui parcourent progressivement l’ensemble du dessin donnent des peintures longilignes comme l’on en voit souvent dans la japanime.
#8 Tomorow from there
Résumé : Chaque jour est un nouveau jour. Travailler, rentrer à la maison, comme toujours… Qu’est-ce qui nous attend ?
Réalisatrice : Akemi HAYASHI fût character designer sur Fruits Basket et Peace Maker Kurogane . Cette animatrice de Gainax a réalisé l’épisode 5 de Space Dandy et le segment Sense of Wonder de Gurren Lagann où l’on retrouve sa touche féminine.
Musique : SKY5 d’Avaivartika.
Dans l’animation traditionnelle, chaque image d’un mouvement doit être dessinée encore et encore avec un léger changement pour créer un mouvement. Les personnages étant les principaux objets mouvants, ils doivent avoir un design simple, sans fioritures et des ombrages basiques pour que cela soit le plus facile et rapide à reproduire par les animateurs et intervallistes.
Si l’on prend l’exemple de The Dragon Dentist, le 1er court métrage diffusé dans la JAE, le character design original est plus détaillé, plus proche du rendu d’un manga, que le design définitif de l’anime. Si cette sobriété est de mise, ce n’est pas pour travailler moins, mais pour produire plus de dessins intermédiaires et donc avoir une animation plus fluide.
Tomorow from there illustre bien ce concept. A l’image de son histoire, le design est très simpliste, mais n’ôte en rien la qualité de l’ensemble.
Voilà pour ce second récapitulatif. Journal du Japon continuera de vous proposer ce dernier mensuellement, et relayera les vidéos du site sur ses réseaux sociaux lors de la séquence sakuga du dimanche. D’ailleurs, les plus curieux pourront explorer ce thème dans notre dossier dédié.
10 réponses
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[…] les épisodes 5 à 8 en février, voici la suite de notre rétrospective consacrée à la JAE. En plus de vous présenter quatre […]
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