Avec Hideaki Anno, la japanime s’exhibe !
Aujourd’hui Journal du Japon vous fait découvrir la Japan Anima(tor)’s Exhibition. Derrière ce titre, parfois résumé JAE, se cache un homme bien connu des mordus de japanime : Hideaki ANNO.
Pour les deux du fond à qui ce nom ne dit rien, l’homme est l’un des fondateurs du studio Gainax : nous lui devons entre autres Neon Genesis Evangelion et Nadia et le secret de l’eau bleu. C’est lors du 27e opus du Festival International du Film de Tokyo, consacrant une partie au réalisateur sous le nom The World of Hideaki ANNO, que l’homme a fait l’annonce de ce projet de courts métrages.
Composé de divers films promotionnels, clips musicaux, ébauches de spin-off ou projets originaux, la JAE proposera un court chaque semaine pour un total de 30 œuvres. Ils devraient tous suivre le même schéma : une durée d’environ six minutes (agrémenté du générique animé d’une minute trente), une flopée de visual art et un artiste différent à chaque fois au poste de réalisateur, l’occasion pour eux de montrer tout leur talent.
Le projet se veut être une vitrine de l’art de l’animation japonaise avec une portée internationale. Le site propose d’ailleurs une version anglaise entièrement traduite, gage de cette volonté de parler au plus grand nombre. L’intégralité du doublage des 30 vidéos sera faite par deux seiyuu ayant souvent travaillé ensemble et dont la réputation n’est plus à refaire :
Megumi HAYASHIBARA qui a interprété, entre autres, Rei dans Neon Genesis Evangelion, Faye dans Cowbow Bebop, Ranma version fille dans Ranma 1/2, l’héroïne de Paprika et Lina Inverse dans Slayers.
Koichi YAMADERA lui, est connu pour son doublage de Spike dans Cowboy Bebop, Togusa de Ghost in the Shell, Ryoji de Neon Genesis Evangelion ou encore Ryoga dans Ranma 1/2.
La production est assurée par le studio khara, le nouveau studio d’Hideaki ANNO et la compagnie Dwango.
khara a été fondé par Anno pour réaliser les nouveaux films Rebuild of Evangelion et Dwango est une société de communication autour des médias, sans être spécialisée dans la japanimation néanmoins. Elle gère le site de partage de vidéos japonais Nico Nico Douga via sa filiale Niwango où les courts métrages du JAE seront diffusés.
Pourquoi ce projet est-il intéressant ?
Outre les fantastiques séquences qu’elle nous offrira durant 7 mois, la JAE est l’occasion pour beaucoup d’artistes de s’exercer en tant que réalisateur. Ce poste des plus essentiels lors d’une production suit l’œuvre du début à la fin, et jongle entres plusieurs compétences. Même si c’est sur un format court, cela peut être le tremplin nécessaire pour des artistes avant de développer quelque chose de plus important. Rappelons-nous le cas d’Anime Mirai, un projet similaire, qui proposa l’OAV Death Billiards avant que celui-ci devienne une série à part entière sous le nom Death Parade.
Sachez enfin, pour l’anecdote, que le logo a été dessiné par Hayao MIYAZAKI, que la colorisation a été confiée à Toshio SUZUKI, président et producteur de Ghibli et la mascotte (TOR-kun) a été réalisée par Anno himself. Quand on sait que Suzuki a déclaré qu’Hideaki ANNO était le digne successeur de Miyazaki père (Goro MIYAZAKI appréciera…) à la suite de l’annonce de la retraite d’Hayao, cela démontre bien les liens qui unissent les trois hommes.
Comme le projet a débuté fin 2014, nous vous proposons les premières vidéos pour le lancement de cet article consacré à la JAE, parues en novembre dernier !
Le récap’ de novembre.
Revenons maintenant au cœur du sujet : les œuvres elles-mêmes. Journal du Japon vous proposera un récapitulatif mensuel des animations publiées par la Japan Anima(tor)s Exhibition avec un résumé, une présentation du staff et une explication de leur contenu.
Commençons ici-même avec les 4 premières réalisations.
Résumé : Une jeune fille arrive dans une base militaire pour devenir dentiste de dragon. Elle est accompagnée d’autres candidats de première année, mais le mystère reste entier sur le contenu de leur formation. Le seul objectif est d’avancer sur un sentier escarpé sans savoir précisément où ils sont. L’héroïne ne le réalise pas encore, mais l’aventure a déjà commencé.
Le réalisateur est Otaro MAIJO, qui s’occupe aussi du storyboard, du concept original ainsi que du scénario. C’est donc lui qui a développé cet univers et posé ses bases. Il est romancier de métier et on le connaît en France uniquement pour le script du manga Biorg Trinity.
Kazuya TSURUMAKI est ici directeur d’animation, il coécrit le storyboard et met aussi la main à la pâte en tant qu’animateur clé. C’est un fidèle collaborateur d’Hideaki ANNO, qui travaille avec lui depuis Nadia. Il a déjà été réalisateur pour FLCL, Diebuster et les films d’Evangelion.
Yoshimichi KAMEDA est « Animation Character Designer« , c’est-à-dire qu’il synthétise les visuels de Yasuyuki KOSAKA pour les rendre plus exploitables pour l’animation. Dans cette perspective, il est aussi directeur d’animation et animateur clé.
L’équipe d’Otaro MAIJO nous suggère en 6 minutes tout un univers, avec ses tensions politiques, ses drames et une relation dragon-humain très intéressante, qui pourrait vraiment faire un film formidable. Le mélange d’architecture traditionnelle comme les temples ou les tori avec des installations militaires donne un cachet intéressant qui soutient l’idée d’un monde contemporain où les dragons et la magie auraient leur place.
Résumé : Hinako, une lycéenne qui aime faire du vélo, admire un coureur professionnel sur route. Chaque matin elle est en concurrence avec un camarade de classe quand il s’agit de se rendre à l’école en vélo, mais elle perd à chaque fois.
Le réalisateur, Azuma TANI, a déjà occupé ce poste sur l’adaptation de Thermae Romae.
Mai YONEYAMA, qui a travaillé sur Kill la Kill, est principalement animatrice mais endosse ici le rôle de character designer. Elle propose des illustrations sur son compte Pixiv proche de ce que l’on peut voir dans Hill Climb Girl.
L’œuvre met en avant le travail du département 3D du studio khara. L’imagerie par ordinateur est de plus en plus présente dans les productions animées et devient un secteur majeur, et si les animés ont pendant un temps eu des lacunes en terme de 3D, c’est un domaine qui tend à se perfectionner. Le département dirigé par Takeshi MIYAGI (directeur 3D CGI) propose donc une 3D qui réussit à se faire passer pour du dessin traditionnel dans un court métrage entièrement conçu par ordinateur.
Résumé : Vous êtes attaqué et torturé par beaucoup de filles.
L’idée originale, le storyboard et la réalisation sont d’Hibiki YOSHIZAKI. Il a étudié l’animation au sein de Studio 4 ° C avec Kōji MORIMOTO avant de devenir freelance en tant que directeur artistique et graphic designer.
Les trois titres qui rythment ME!ME!ME! sont composés par l’artiste électro TeddyLoid, accompagné par Daoko au chant. Il a déjà participé à un anime avec l’OST de Panty & Stocking with garterbelt en 2010.
Shuichi ISEKI est character designer et directeur d’animation sur ce projet, c’est un animateur des studios Gainax et khara qui a dernièrement travaillé sur Little Witch Academia et Space Dandy.
Tout d’abord il est peut-être important de signaler que cette vidéo a un contenu assez explicite.
Il y a beaucoup de choses dans ce clip musical, qui est une véritable mise en abîme d’un hikikomori perdu dans ses fantasmes. Différents niveaux de lecture sont possibles alors tout le monde pourra se faire son avis sur le message transmis.
La mise-en-scène est vraiment très recherchée et nous dépeint deux tableaux bien distincts. La première partie, qui représente le fantasme érotique, multiplie les plans suggestifs et joue avec les formes géométriques (des cœurs pour symboliser les fesses, des triangles pour la culotte de la demoiselle). Le kawai flirte avec le sexy avant de carrément basculer dans le sado-maso. Car dans la seconde partie, plutôt orientée bad-trip sous acide, le rêve devient introspectif. Le héros est le spectateur incarné de son propre flash-back, et réalise trop tard qu’il se fait littéralement dévorer par ses passions.
S’il est possible de raconter et de transmettre autant de choses en 6 minutes et sans dialogues, c’est grâce à cette mise-en-scène bourrée de détails qui s’adapte aux situations (comme la séquence « jeux de tir » utilisant les codes visuels des FPS) où chaque plan a son importance et un message à transmettre.
Résumé : Une femme ayant perdu son bras dans des événements tragiques cherche à accomplir une vengeance en retrouvant tous ses tortionnaires.
Akira HOMMA, auparavant assistant-directeur de l’animation sur Lettre à Momo et directeur de l’animation sur Denno Coil, réalise ici cette vidéo, le storyboard et conçoit les personnages. Le scénario est écrit par Hayato TANAKA et la direction artistique est tenue par Yuko SUGIYAMA.
Cette direction artistique est justement un point fort du teaser. Ce qui s’apparente à de l’aquarelle ou du fusain donne un cachet brut à l’œuvre et la pellicule qui saute sert à l’ambiance, ne gênant étrangement pas l’animation. Loin d’être gratuite, la nudité est employée froidement, pour nous montrer la réalité de ce bras amputé, de ce corps uniquement animé par le désir de revanche.
Un très beau travail de traitement d’image pour un western pur et dur, qui ne sera pas sans rappeler Kill Bill de Tarantino.
Voilà pour cette première fournée. Journal du Japon continuera de vous proposer ce récap’ mensuellement, et relayera les vidéos du site sur ses réseaux sociaux lors de la séquence sakuga du dimanche. D’ailleurs, les plus curieux pourront explorer ce thème dans notre dossier dédié.
11 réponses
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